Guillebert de Lannoy, Œuvres, éd. C. Potvin, Louvain, 1878. Les références et autres citations au texte de Guillebert de Lannoy sont tirées de cette édition.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, éd. C. Schefer, Paris, 1892. Les références et autres citations au texte de Bertrandon de la Broquière sont tirées de cette édition. Voir aussi Id., Le Voyage d’Orient. Espion en Turquie, éd. J. Paviot, trad. H. Basso, Toulouse, 2010.
Z. Stahuljak, Medieval Fixers: Politics of Interpreting in Western Historiography, Rethinking Medieval Translation: Ethics, Politics, Theory, éd. E. Campbell, R. Mills, Cambridge, 2012, p. 147–164; Id., Les fixeurs au Moyen Âge I – Fixeurs, passeurs, lieux de passage: corps, textes et réseaux (01/06/2018). Conférence au Collège de France. URL: https://www.college-de-france.fr/site/patrick-boucheron/ guestlecturer-2018-06-01-16h00.htm; Id., Les Fixeurs au Moyen Âge. Histoire et littérature connectées, Paris, 2021; Id., Les langues du voyage. Le roman bourguignon et ses « fixeurs» méditerranéens, Écrire le voyage au temps des ducs de Bourgogne. Actes du colloque international organisé les 19 et 20 octobre 2017 à l’Université du Littoral – Côte d’Opale (Dunkerque), éd. J. Devaux, M. Marchal, A. Velissariou, Turnhout, 2021, p. 233–241.
Art. passeur, Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi). URL: https://www.cnrtl.fr/definition/passeur.
Art. passeur, Dictionnaire du Moyen Français (en ligne). URL: http://www.atilf.fr/dmf/definition/passeur.
P. Carmignani affirme que « [c]’est le maintien de l’obstacle franchi qui caractérise le passeur, son abolition qui définit le médiateur chargé de trouver un terrain d’entente à l’entre-deux. Le passeur, lui, ne se situe pas entre deux termes ou bords: il va de l’un à l’autre, alterne d’une rive à l’autre».
P. Carmignani, Introduction, Figures du passeur, Perpignan, 2002, p. 7–18. Extrait cité également dans V. Turner, Passage, passing et passeur: Bertrandon de la Broquière et son Voyage d’Outremer, Atlante. Revue d’Études romanes, t. 12, 2020, p. 284.
Fixeur ne se trouve pas dans le TLFi, sans doute parce qu’il s’agit d’un anglicisme encore trop récemment introduit dans la langue française. Le Robert en ligne l’a pourtant intégré et en donne la définition suivante: « Personne qui sert d’intermédiaire, d’interprète et de guide à un(e) journaliste dans un pays peu sûr.». Art. fixeur, Le Robert (en ligne). URL: https://dictionnaire.lerobert.com/definition/ fixeur.
Stahuljak, Medieval Fixers: Politics of Interpreting in Western Historiography; Id., Les fixeurs au Moyen Âge I.
Art. médiateur, Dictionnaire du Moyen Français (en ligne). URL: http://www.atilf.fr/dmf/definition/médiateur. Le dictionnaire Godefroy donne la définition suivante: « celui qui s’entremet pour amener un accommodement» (F. Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du ixe au xve siècle, t. 10, Paris, 1902, p. 135).
Art. médiateur, Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi). URL: https://www.cnrtl.fr/definition/médiateur.
Guillebert de Lannoy réalise de nombreux voyages. Il effectue notamment un premier pèlerinage à Jérusalem en 1403–1404. En 1407, il part en Espagne pour lutter contre les Maures. En 1413, il part en croisade pour lutter contre les mécréants de Lituanie. Il traverse alors la Prusse, la Lituanie, la Poméranie, la Pologne, la Livonie. En 1421–1423, pour réaliser sa mission politique en Terre sainte, il passe par la Prusse, la Hongrie, la Valachie, la Moldavie, la Tartarie, l’Égypte, la Syrie, la Judée, puis revient par Rhodes, Venise et l’Allemagne. À la fin de sa vie, il fait des pèlerinages en Irlande, à Saint-Jacques de Compostelle et en Terre sainte. Sur la question du pèlerinage dans l’œuvre de Guillebert de Lannoy, voir notamment J. Svátek, Le pèlerinage dans les Voyages et ambassades de Guillebert de Lannoy, Écrire le voyage au temps des ducs de Bourgogne, p. 57–65.
Lors de son voyage, Bertrandon part de Gand, embarque à Venise et passe notamment par Corfou, Modon, Candie, Rhodes, Famagouste, Jaffa. Il visite plusieurs villes et lieux saints avant de revenir par les terres en passant par Constantinople, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche, la Bavière, la Suisse, et il arrive à Dijon un an après son départ.
Sur les « figures de transition» chez Guillebert de Lannoy et Bertrandon de la Broquière, voir notamment J. Svátek, Prier, combattre et voir le monde. Discours et récits de nobles voyageurs à la fin du Moyen Âge, Rennes, 2021, p. 284–290.
Guillebert de Lannoy, Œuvres, p. 17.
N. Sghaïer, Les voyageurs occidentaux à la découverte de l’altérité musulmane au bas Moyen Âge. L’exemple de Bertrandon de la Broquière, Frontière·s, t. 1, 2019, p. 37. URL: https://publications-prairial.fr/frontiere-s/index.php?id=103.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 191.
C. Bonnote, Le truchement dans les récits de voyageurs: interprète et personnage médiateur de l’espace frontalier, @nalyses. Revue des Littératures franco-canadiennes et québécoise, t. 10/2, 2015, p. 133. URL: https://uottawa.scholarsportal.info/ottawa/index.php/revue-analyses/article/view/1317.
Guillebert de Lannoy, Œuvres, p. 62.
Sghaïer, Les voyageurs occidentaux à la découverte, p. 35–44.
« Les interprètes ont des origines et des statuts variés. Ils peuvent être aussi bien missionnaires, coureurs des bois, autochtones (convertis au christianisme ou non), métis, enfants indigènes éduqués à l’européenne ou bien jeunes hommes européens vivant parmi les peuples autochtones, femmes autochtones ayant des liens avec les hommes européens, etc.». Bonnotte, Le truchement dans les récits de voyageurs, p. 133–134.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 14–16.
Bertrandon utilise les termes Sarrazins, Mores ou encore Arabes pour parler des personnes de religion musulmane. Ces mots recouvrent cependant des sens un peu différents: « Les personnes de religion musulmane habitant dans cette région sont qualifiées de Sarrazins, de Maures ou d’Arabes. Si les termes maures et sarrasins sont utilisés généralement comme des synonymes, certains passages laisseraient penser que le premier est davantage lié à l’origine géographique (apparence physique) et le second à l’appartenance religieuse. Ceux que Bertrandon qualifie d’Arabes sont des Bédouins qui résident dans les zones plus reculées (déserts, montagnes) et ont pour principales activités l’élevage de bêtes et l’accompagnement des pèlerins dans le Sinaï.» N. Sghaïer, À la rencontre des Sarrasins et des Turcs: le Voyage d’Outremer de Bertrandon de la Broquière (v. 1400–1459). Communication lors du II Congreso Internacional « O camiño do Medievalista: et Ultreia», 2019. URL: https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal:220459; voir aussi J. Svátek, Les catégories des nacions, langues et créances chez les voyageurs des xive et xve siècles, Nation et nations au Moyen Âge, xLive Congrès de la SHMESP (Prague, 23 mai–26 mai 2013), Paris, 2014, p. 129–135; Id., Prier, combattre et voir le monde, p. 258–269.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 59.
Le mot moucre, de l’arabe mukari, est assez rare. Bertrandon de la Broquière le glose d’ailleurs à chaque fois pour être sûr d’être compris. Le DMF ne donne que deux exemples d’occurrences: un issu du récit de voyage de Bertrandon de la Broquière et un du texte Les Pèlerinages occidentaux en Terre Sainte: une pratique de la « Dévotion Moderne» à la fin du Moyen Âge ? Relation inédite d’un pèlerinage effectué en 1486, éd. B. Dansette, Archivum Franciscanum historicum, t. 72, 1979, p. 331–426. Le terme n’est repris ni dans le Godefroy, ni dans le Tobler-Lommatzsch, ni dans le FEW. Art. moucre, Dictionnaire du Moyen Français (en ligne). URL: http://www.atilf.fr/dmf/definition/moucre.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 20.
Sghaïer, Les voyageurs occidentaux à la découverte, p. 39–40.
Guillebert de Lannoy, Œuvres, p. 147.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 40–41. Cité dans Sghaïer, Les voyageurs occidentaux à la découverte, p. 36.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 100. Cité dans Sghaïer, Les voyageurs occidentaux à la découverte, p. 36.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 104.
Guillebert de Lannoy, Œuvres, p. 65.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 60.
Comme le souligne M.C. Gomez-Géraud: « La scène ne vaut pas seulement pour l’indice d’apprentissage linguistique “en situation” qu’elle renferme, mais pour la complicité qui s’établit entre Bertrandon et ses interlocuteurs.» M.C. Gomez-Géraud, Lire le voyage à la fin du xve siècle. Comment situer le Voyage de Bertrandon de la Broquière ?, Écrire le voyage au temps des ducs de Bourgogne, p. 30.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 239.
Ibid., p. 57. Le texte ne précise pas si Hayaldoula est un chrétien devenu musulman ou un musulman devenu chrétien. Nous ne savons pas non plus s’il a changé de nom après sa conversion. Néanmoins, le fait qu’il porte un prénom avec la signification de « servant de Dieu» n’est sans doute pas sans lien avec le reniement de sa foi première et sa conversion à une autre religion.
Turner, Passage, passing et passeur, p. 295.
« De cette rencontre, nous apprenons premièrement que la conversion religieuse apporte la menace d’une transformation physique, deuxièmement, qu’on admettait la difficulté de discerner la sincérité de la conversion.» Ibid., p. 296.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 20.
Guillebert de Lannoy, Œuvres, p. 68.
V. Turner signale effectivement au sujet de Bertrandon de la Broquière que « le bourguignon [sic] voyage via tout un réseau de contacts commerciaux, d’exilés, d’immigrants, d’ambassadeurs, identifiés souvent par leurs origines géographiques plutôt que par leur foi, ce qui crée des dynamiques supplémentaires entre les faits de “demeurer” et de “voyager”». Turner, Passage, passing et passeur, p. 282–283.
Guillebert de Lannoy, Œuvres, p. 77.
Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 87.
F. Ortiz rejette le terme acculturation notamment pour son imprécision conceptuelle. Mais, comme le signale E.M. Santí, ce rejet terminologique est sans doute une façon de critiquer les anthropologues nord-américains qui sont à l’origine du mot acculturation – parmi lesquels M. Herskovits, qui avait réalisé une étude sur l’homme noir dans le Nouveau Monde sans jamais faire mention du travail de F. Ortiz à ce sujet. La naissance du mot transculturation est donc aussi marquée par les tensions qui pouvaient exister avec l’école nord-américaine; le chercheur Malinowski, très enthousiaste lorsqu’Ortiz lui parle de sa création terminologique, exprime d’ailleurs clairement son ressentiment et son opposition face aux travaux de Herskovits. E.M. Santí, Fernando Ortiz: Contrapunteo y transculturación, Madrid, 2002, p. 70.
F. Ortiz, Contrapunteo cubano del tabaco y el azúcar, éd. E.M. Santí, Madrid, 2002, p. 260.
Voir notamment A. Buono, Le transculturalisme: de l’origine du mot à « l’identité de la différence» chez Hédi Bouraoui, International Journal of Canadian Studies / Revue internationale d’Études canadiennes, t. 43, 2011, p. 7–22; J. Lamore, Transculturation: naissance d’un mot, Métamorphoses d’une utopie, Paris, 1992, p. 43–48.
« La culture étrangère, notamment sur le plan anthropologique, occupe une place considérable chez Bertrandon de la Broquière: elle est un des traits caractéristiques de son récit.» Svátek, Prier, combattre et voir le monde, p. 241–242. Voir aussi M. Coman, Experiencing Otherness. Bertrandon de la Broquiere’s Pilgrimage to Jerusalem (1432), New Europe College Yearbook, 2007–2008, p. 85–120; C. Herbert, La parole de l’Autre dans les récits de voyage des xive et xve siècles, Actes du XXVIIe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes (Nancy, 15–20 juillet 2013), Strasbourg, 2016, p. 95–106; A.J. Surdel, Oultremer. La Terre Sainte et l’Orient vus par des pèlerins du xve siècle, Images et signes de l’Orient dans l’Occident médiéval, Senefiance, t. 11, Aix-en-Provence, 1982, p. 323–339; M. Rey-Veljanoska, Bertrandon de la Broquière et sa perception des chrétiens orientaux des Balkans vers le milieu du xve siècle: cheminement d’Andrinople à Belgrade et rencontre avec le despote de Serbie Georges Brankovic, Schweizerische Zeitschrift für Religions– und Kulturgeschichte, t. 111, 2017, p. 267–279; Sghaïer, À la rencontre des Sarrasins et des Turcs; Id., Les voyageurs occidentaux à la découverte de l’altérité musulmane.
Le moment du bain est un moment de partage extrêmement important dans le récit, à la suite duquel un rapprochement entre le « je» et l’Autre est rendu possible et facilité par l’intimité corporelle: Et tousiours depuis, fus je plus acointé d’eulx que je n’avoye esté. Bertrandon de la Broquière, Le voyage d’Outremer, p. 96–97.
Coman, Experiencing Otherness, p. 89.
La figure de Bertrandon comme passeur et les phénomènes de passing ou travestissements qu’il subit sont particulièrement bien décrits dans Turner, Passage, passing et passeur, p. 279–301.
« Voyageant incognito au sein d’une caravane musulmane qui rentre de la Mecque à Brousse, son passing se passe dans un environnement transitoire et migratoire où il habite l’espace d’une manière qu’on pourrait appeler “dwelling-in-travel” ou “demeurer-en-voyage”.» Ibid., p. 281. Pour le concept de dwelling-in-travel, V. Turner cite J. Clifford, Routes: Travel and Translation in the Late Twentieth Century, Cambridge Mass., 1997.
Adont l’un d’eulx de qui j’estoye le plus acointé lequel me appelloit kardays, c’est à dire frere, dist qu’il beuveroit pour moy affin que les aultres fussent contens de moy. Bertrandon de la Broquière Le voyage d’Outremer, p. 80.
« Bertrandon de la Broquière atteste l’émergence d’un monde où la frontière semble perdre de sa solidité.» Gomez-Géraud, Lire le voyage à la fin du xve siècle, p. 31.