La lecture genre appliquée à la recherche: Illustration, apports et défis

Les études féministes ont permis la critique des méthodes qualitatives et de comment elles permettaient de rendre compte de la parole des interviewé.e.s. L’interviewé.e est expert de son vécu, tandis que l’expertise du chercheur chaussant les lunettes « genre » permet de déceler les mécanismes contraignant et contextualisant la production de la parole. De quelle marge de manœuvre dispose le chercheur dans l’analyse des récits des interviewé.e.s, entre le risque de trahir leur récit et celui de s’arrêter à une analyse superficielle des données, ignorant les rapports sociaux à l’oeuvre ? Ce paradoxe est tout particulièrement actif lorsqu’il est question d’études genre, où sont engagées à la fois la responsabilité de l’expert de vécu en tant qu’individu libre et apte à rendre compte de sa réalité et le regard du scientifique, partant de son propre cadre conceptuel et se questionnant sur la liberté de parole dans un contexte de domination genré. L’analyse des données qualitatives n’est donc pas neutre. Au cours de cette communication, c’est ce paradoxe éthique de la méthodologie de recherche et de l’analyse des données que nous viendrons interroger. Nous proposerons une réflexion et une contextualisation historiques ces questions, illustrées par par nos recherches qualitatives auprès d’adolescent.e.s, autour des cyberviolences sexistes et sexuelles.