GOUVERNANCE LOCALE DES RESSOURCES NATURELLES FORESTIERES A MADAGASCAR: ÉTAT, LEGITIMITE ET NORMES PRATIQUES - Cas de la zone forestière de l’Ankarafantsika

Malgré les réformes politiques, institutionnelles et de la gouvernance pour une conservation et une gestion durable des ressources naturelles forestières, la déforestation et la dégradation des ressources forestières continuent à persister à Madagascar. Celles-ci s’expliquent par la gouvernance de fait qui se manifeste au niveau local, laquelle s’écarte des institutions légales et des cadres coutumiers. En mobilisant une approche inductive basée sur la démarche ethnographique, cet ouvrage essaie de comprendre le mode de production, de stabilisation et de légitimation des représentations et des logiques d’action des acteurs pour façonner cette gouvernance de fait.
La première partie de la thèse rend compte l’implication de la coexistence du système légal de gouvernance et du système coutumier de gouvernance pour la définition du zonage de l’espace forestier. Les deux systèmes se concurrencent alors que chacun possède des limites qui réduisent leur effectivité respective. Quant à la seconde partie, elle interroge les dérives actuelles de la gouvernance forestière locale dans un contexte d’affaiblissement de l’administration publique, de défaillance du système de sanction et de politisation de l’action publique. Les modes d’exploitation non durable des ressources forestières, qui se développent au niveau local, sont effectuées dans le cadre du processus de bricolage des systèmes de gouvernance existants.
En effet, les logiques d’exploitation de l’espace forestier et des ressources naturelles forestières résultent de la complexité de l’histoire de peuplement, d’accès à la terre, des différentes réformes et des activités de développement promues. Les règles opérationnelles reconnues et adoptées par la population qui traduisent leurs logiques d’action et leurs représentations, peuvent être purement positives ou coutumières et pour la plupart bricolées selon les contextes tant que celles-ci protègent leurs droits, répondent à leurs intérêts et sécurisent leurs systèmes de production.