Abstract :
[fr] L’évaluation du Bon Etat Ecologique du descripteur 1 - Biodiversité « Habitats pélagiques » de la Directive-Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM) repose sur le seul critère D1C6 dans les 4 sous-régions marines françaises (Manche - Mer du Nord, Mers Celtiques, Golfe de Gascogne et Méditerranée Occidentale). Les 3 indicateurs utilisés actuellement (PH1, PH2 et PH3) ont été développés par les groupes de travail de la convention OSPAR pour l’Atlantique Nord-Est. Ils ciblent l’analyse des changements de la biomasse ou d’abondance, de la composition (i.e. rapports entre groupes fonctionnels) et de la diversité des communautés phyto- et zooplanctoniques. La synthèse bibliographique de Goffart et al. (2022a) au titre des habitats pélagiques de la DCSMM a montré qu’une caractéristique majeure du phytoplancton méditerranéen est la présence d’un maximum profond de chlorophylle (« Deep Chlorophyll Maximum », DCM) pendant toute la période de stratification thermique. En Méditerranée Occidentale, le DCM est essentiellement le résultat d’une accumulation de biomasse active. Il constitue une source de nourriture importante pour le zooplancton et une partie de l’ichtyoplancton qui s’y concentrent 6 à 8 mois par an.
Lors du cycle 2 de l’évaluation du Bon Etat Ecologique (BEE) des Habitats pélagiques, l’indicateur PH2 OSPAR - Phytoplancton a été adapté aux eaux françaises par Duflos et al. (2018) et appliqué aux eaux de surface des 4 sous-régions marines, sans que les spécificités du phytoplancton méditerranéen (e.g. dynamique ; variabilité spatio-temporelle ; composition et groupes fonctionnels) ne soient prises en considération. Cette note synthétise un jeu de données méditerranéennes pour proposer des adaptations méthodologiques de l’indicateur PH2 DUFLOS - Phytoplancton basé sur les changements de biomasse (concentration en chlorophylle a). Elle a pour objectif d’aboutir à un indicateur PH2 MEDIT - Phytoplancton qui intègre les spécificités des communautés phytoplanctoniques méditerranéennes, en particulier en ce qui concerne leur variabilité spatio-temporelle.
Le jeu de données étudié montre, en milieu côtier, que la concentration en chlorophylle a (chl a) de surface est un proxy qui :
• permet de caractériser de manière satisfaisante les niveaux de biomasse observés en profondeur,
• répond aux apports continentaux intermittents et aux pressions anthropiques saisonnières.
Au large, et en raison de la présence du DCM, la chl a de surface n’est pas représentative de la distribution verticale de la biomasse phytoplanctonique dans la colonne d’eau. Il est donc nécessaire d’intégrer les données de biomasse sur la verticale pour y caractériser les communautés phytoplanctoniques.
Pour les futures évaluations DCSMM, nous proposons d’uniformiser les métriques de l’indicateur PH2 MEDIT - Phytoplancton comme suit :
• Masses d’eau côtière : moyennes mensuelles des concentrations en chl a de surface (μg chl a L-1). Nous proposons d’utiliser les données stationnelles de surface et les produits dérivés des images satellite comme sources de données alimentant l’indicateur PH2 MEDIT - Phytoplancton. Ce choix est justifié par la bonne correspondance et la complémentarité des 2 produits.
• Large : moyennes mensuelles des concentrations en chl a intégrées sur la verticale (0-100m) par la méthode du point milieu et divisées par la profondeur d’intégration (µg chl a L-1). En l’absence de correspondance entre les données in situ et celles du système de modèles MedBFM3, nous nous limiterons aux suivis stationnels actuellement disponibles au large, à savoir sur les points Boussole (Projet Boussole ) et Mola (SNO MOOSE ).
Les travaux ont également mis en évidence le besoin d’acquérir de la donnée et des connaissances pour affiner la description des principales caractéristiques du DCM (profondeur, intensité, saisonnalité) en relation avec les contraintes environnementales qui contrôlent son développement.