Abstract :
[fr] Présentation d'un premier projet de thèse basé sur une investigation ethnographique de trois mois menée au Népal, auprès d’une trentaine d’interlocuteurs d’ethnies, de castes et de provenances variées (Tharus, Brahmanes, Chhetris, Intouchables, touristes ou habitants étrangers) fréquentant la zone de Hattisar appartenant au village de Tharkurdwara, à la lisière du Parc National de Bardiya. Grâce à ses 1000 km² de prairies herbeuses, de forêts et de rivières (le réseau de la Karnali), ce Parc, créé en 1988, abrite de précieuses espèces désormais protégées - mais toujours en danger - et qui peuvent se montrer dangereuses : rhinocéros à une corne, éléphant asiatique, léopard commun, tigre du Bengale, crocodile gharial et autres. A la lisière de cette forêt, dans un espace de 507 km² appelé « bufferzone », un ensemble de villageois (fermiers, guides, mahuts, enfants, militaires, directeurs de resort...) vivent en compagnie d’animaux domestiques (buffles, chèvres, cochons, poules, chiens, éléphants domestiques...). Malgré les dispositions prises par le gouvernement pour séparer la forêt et ses animaux des villageois (contrôles, barrières, sensibilisation...), les rencontres - parfois meurtrières - appelées Human Wildlife Conflict (HWC), s'intensifient. Il apparaît que la rivière Khauraha (segment de la Karnali), qui prend place sur la banbhoj sthal de Bardiya, joue le rôle de médiatrice entre humains, animaux sauvages, animaux domestiques voire invisibles (déités, esprits). Dans toute son ambivalence, à la fois dangereuse (pollution, inondations, courant, crocodiles) et nécessaire (ressource, lieu de rites), elle fait office de frontière naturelle qui relie et sépare les individus, au rythme des saisons. En un lieu précis, banbhoj sthal et Khauraha représentent l’occasion d’étudier à la fois des habitudes et des adaptations, des représentations et des croyances, et enfin des manières de vivre des frontières et des territoires (coexistence).