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Abstract :
[fr] Revenant sur la genèse de Personne ne sort les fusils, Sandra Lucbert explique que le texte procède d’une invitation, formulée par Nathalie Quintane à rejoindre le projet de « Petite boîte à outils » développé par l’Union syndicale Solidaires. L’autrice assume volontiers une approche gramscienne, visant à mettre en lumière les rouages d’une hégémonie néolibérale qu’elle saisit, entre autres, à l’aune de ce qu’elle appelle la LCN (Lingua Capitalismi Neoliberalis), dans le sillage du travail de Victor Klemperer sur la LTI. Tout en revendiquant cet héritage théorique, Lucbert n’a pourtant de cesse d’affirmer la dimension proprement littéraire de son projet, soulignant la possibilité de la littérature de « mettre en rage » et la pensant comme une « méthode d’investigation », en présentant Personne ne sort les fusils comme une « dérive littéraire contrôlée ». Ce texte a notamment pour enjeu de concrétiser un pan du néolibéralisme, de donner à voir certains de ses modes de fonctionnement et de ses logiques, à partir d’un événement précis (le procès Orange France Telecom) qui fonctionne à la fois comme une synecdoque et un révélateur de cette doctrine économique. À l’occasion de cette communication, nous nous proposons d’interroger la littérarité de ce texte et les enjeux de celle-ci : qu’est-ce qui distingue Personne ne sort les fusils d’un reportage ou d’une enquête sociologique ? Quels procédés et dispositifs littéraires sont ici activés et quels effets spécifiques favorisent-ils ? Nous essayons d’y répondre en nous confrontant, notamment, à l’usage de la prosopopée, aux jeux onomastiques et à la poétique de la digression/parabole qu’ils permettent d’engager, à la dynamique intertextuelle et à la multiplicité des scènes génériques qui contaminent le propos.
Event name :
Journée d'études "Situation critique, intervention littéraire. Avec Sandra Lucbert, autour de Personne ne sort les fusils"