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Abstract :
[fr] La Chronique d'Eusèbe se présente sous la forme d'un abrégé de l'histoire des Grecs et des Barbares depuis la naissance d'Abraham (placée en 2016 avant notre ère) jusqu'au règne de Dioclétien (303 : début de la grande persécution) dans sa première version, la seconde allant jusqu'à la vingtième année du règne de Constantin (325). La Chronique de Jérôme est la traduction (presque fidèle) de celle d'Eusèbe pour la partie qui s'étend de la naissance d'Abraham à la prise de Troie. Dans la deuxième partie, qui va jusqu'en 325 de notre ère, la chronique est largement enrichie de notes composées par Jérôme lui-même, dont la plupart concerne l'histoire romaine. Jérôme s'inspire en grande partie de Suétone. Une troisième partie est entièrement spécifique à Jérôme : elle prolonge l'œuvre d'Eusèbe jusqu'en 378 de notre ère, fournissant de nombreuses données sur l'histoire profane comme sur l'histoire ecclésiastique. La Chronique appartient à un genre spécifique : le texte informatif, de nature historique, que le traducteur s'estime autorisé à rectifier, « améliorer », ou mettre à jour. Nous sommes à la frontière entre le travail de traduction, la compilation, la recherche, la synthèse et l'élaboration personnelle. Dans de telles conditions, il est intéressant d’étudier la praefatio au Chronicon, probablement le premier des travaux de traduction de Jérôme (vers 380-381), à peu près contemporain de la traduction des Homélies d’Origène sur Jérémie et Ezéchiel. Dans cette préface, Jérôme explique les difficultés d’une bonne traduction. Il commence par un souvenir d’école, puis prend immédiatement comme premier exemple celui de Cicéron qu’il analyse de façon critique. La traduction rigoureusement littérale est impossible. Il donne des exemples de difficulté, en particulier ce qu’il appelle suum et uernaculum linguae genus, c’est-à-dire ce que l’on peut appeler le « génie de la langue ». On pourra comparer la théorie de la traduction qui se fait jour dans ce texte avec celle exprimée dans d’autres exposés de la même veine, en particulier certaines préfaces et la lettre 57 à Pammachius. On notera les différences et les ressemblances.