Le Good Lives Model, un cadre d'intervention basé sur les besoins pour les jeunes ayant commis une infraction

Dans la lignée des cadres d’évaluation et d’interventions présentés dans cet ouvrage, nous allons dans ce chapitre proposer un cadre paradigmatique et d’intervention novateur et prometteur pour la réhabilitation des délinquants : le Good Lives model (GLM). Le GLM a vu le jour en réponse aux critiques émises au modèle de réhabilitation Risque-besoins-réceptivité (RBR ; Andrews et Bonta, 2010) centré sur les risques et les besoins criminogènes. Les objectifs du GLM visent à aider les jeunes ayant commis une infraction à développer une vie plus « significative » et plus satisfaisante sur le plan personnel, en tenant compte de leurs intérêts, capacités et aspirations individuels (Fortune, Ward et Willis, 2012). Le RBR et le GLM ne sont pas pour autant des modèles qui s'excluent mutuellement, le GLM apporte une perspective complémentaire en visant non seulement la réduction des risques à partir des besoins criminogènes, mais également la promotion de la réalisation prosociale des besoins humains fondamentaux (Ward et Gannon, 2006 ; Fortune, 2018 ; Glowacz, Puglia et Devillers, 2020). Bien que ses fondements théoriques et axes d’intervention apparaissent comme particulièrement adaptés aux adolescents, peu d’études empiriques et cliniques sont à ce jour disponibles sur le GLM dans le champ de la délinquance juvénile. Cet écrit vise à inscrire, dans cet ouvrage portant sur les interventions en délinquance juvénile, les logiques et forces de ce modèle ainsi que sa congruence avec les processus de désistement. Après une présentation des postulats et principes généraux du GLM, nous explorerons l'application théorique du GLM aux jeunes délinquants.