Affordance et psychothérapie : pouvoir d'agir et conséquences cliniques

La psychothérapie institutionnelle et l’antipsychiatrie constituent des courants bien connus de l’histoire du soin. Au croisement des apports contemporains de la psychopathologie phénoménologique et des toutes récentes vagues cognitivistes de l’embodied cognition, réapparaît aujourd’hui la question qui était centrale dans ces perspectives pionnières : la modulation de l’environnement dans la psychothérapie. Ceci se cristallise autour d’une notion particulière, dont l’origine se trouve dans le champ de la psychologie sociale, expérimentale et écologique : l’affordance. À l’appui de séquences cliniques, nous proposerons une mobilisation de ce concept et de ses potentielles implications thérapeutiques en psychiatrie adulte. Nous serons amenés à nous poser deux questions centrales : outre le gain d’intelligibilité permis par le « travail » réflexif de l’individu sur ses propres objets intrapsychiques, réaliser un travail sur soi ne pourrait-il également procéder, chez le sujet, d’une œuvre écologique de regain de mobilité dans la façon d’approcher, de mobiliser voire de façonner ses opportunités environnementales ? Et si tel est le cas, une théorisation de l’affordance et une verbalisation à propos de celle-ci méritent-elles d’occuper une place (centrale ?) dans le processus psychothérapeutique ? Nous tenterons de déplier ces deux questions et, à défaut de fournir une réponse, d’épaissir les enjeux intersubjectifs, institutionnels et politiques qu’elles drainent.