Abstract :
[fr] Depuis 2006, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reconnait la maltraitance infantile comme un problème de santé publique majeur (Benarous et al., 2014). Le plus couramment, celle-ci s’exerce dans le milieu familial (Wattel, 2020). En effet, la maltraitance intrafamiliale représenterait environ 80% des situations de maltraitance (Gilbert et al., 2009). Malgré la volonté de l’OMS d’investir dans la prévention de la maltraitance infantile, celle-ci reste largement répandue dans nos sociétés occidentales, entraînant des conséquences considérables pour les victimes (Benarous et al., 2014 ; Wattel, 2020). Parmi ces conséquences, nous retrouvons des retentissements liés au développement cérébral (Cohen, 2010), à la santé physique (Danese et al., 2009), au développement psychologique (Lansford et al., 2002), mais également aux troubles des conduites sociales et interpersonnelles durant l’adolescence et à l’âge adulte (Benarous et al., 2014 ; Dubé et al., 2019 ; Wattel, 2020).
En 2020, la Fédération Wallonie-Bruxelles dénombrait que parmi les 3000 jeunes pris en charge par l’Aide à la Jeunesse pour des faits qualifiés infractions (FQI), 1000 étaient également confrontés à une situation de difficulté ou de danger, soit 33,33%. En outre, plusieurs études mentionnent que la maltraitance infantile induit chez les victimes davantage de troubles du comportement extériorisé, c’est-à-dire de comportements agressifs et oppositionnels qui ne sont pas médiés par un processus réflexif (36 à 49% des victimes de maltraitance infantile) (Lawrence et al., 2006). Plusieurs auteurs soulignent également la fréquence plus importante de comportements délictueux à l’adolescence chez les enfants victimes de maltraitances (Wattel, 2020). Ce recours plus fréquent à l’agir serait lié aux fonctions psychologiques et aux difficultés de régulation des émotions et affects, entravées par les maltraitances subies et la dégradation du lien d’attachement aux figures parentales (Courtois, 2004).