Abstract :
[en] This article proposes a semio-rhetorical epistemology for visual documents, one capable of accounting for both their internal configuration, which we shall call the compositional dimension, and their persuasive force within public space, or their rhetorical dimension. The field of reference will be that of identity-related images on social networks, because compared to other kinds of images, such as artistic or professional ones, they adopt new compositional solutions and new dynamics of circulation. To test this theoretical framework, we will conduct an analysis which has never been carried out in semiotics and which, as far as we know, remains very rare even in the overall field of visual studies, that is, the analysis of the profile of an Instagram influencer’s visual production, that of Canadian artist Rupi Kaur. Taking into account the flow of images shared over time, we will focus primarily on the compositional dimension that articulates the specificity of the language of images. The most appropriate model for investigating social network photos seems to be that of the portrait, thanks to which we will identify a first series of regularities and deviations. Secondly, we will turn towards the rhetorical dimension – the persuasive strategies found within, through, and towards images – focusing on the analysis of a single photo: on the one hand, it is a shot which presents greater compositional richness than others; on the other hand, it has greatly impacted the notoriety of the influencer, due to the censorship incurred on Instagram, its abundant coverage by traditional media, and the heated debate it triggered on social media. We will thus propose a reinterpretation of Paul Ricœur’s theory of identity in order to balance the rhetorical and the compositional dimensions through a unitary theoretical hypothesis. Visual identity on social networks is always the result of a negotiation between two opposite tendencies: on the one hand, the experiential pressure expressed through images related to the body and everyday practices; on the other, the algorithmic pressure due to the delegation of the management of identity to software. The case of Rupi Kaur is a rare example of a critical mediation between these two pressures and helps us build a methodology for the examination of images belonging to other social domains.
[fr] Cet article propose une épistémologie sémio-rhétorique des documents visuels capable de rendre compte à la fois de leur configuration interne, que j’appelle la dimension compositionnelle, et de leur force de persuasion dans l’espace public, ou dimension rhétorique. Le champ de référence est celui des images identitaires sur les réseaux sociaux : par rapport à d’autres types d’images, comme les images artistiques ou professionnelles, elles adoptent de nouvelles solutions compositionnelles et de nouvelles dynamiques de circulation. Pour tester ce cadre théorique, je réalise une analyse qui n’a jamais été effectuée en sémiotique et qui, à ma connaissance, reste très rare dans le champ global des études visuelles, à savoir l’analyse des toutes les images qui composent le profil Instagram d’une influenceuse, celle de l’artiste canadienne Rupi Kaur. Dans un deuxième temps, j’aborde la dimension rhétorique – les stratégies de persuasion que l’on trouve dans, à travers et envers les images – en me concentrant sur l’analyse d’une seule photo : d’une part, il s’agit d’un cliché qui présente une plus grande richesse compositionnelle que les autres ; d’autre part, la photo a fortement impacté la notoriété de l’influenceuse, en raison de la censure encourue sur Instagram, de son abondante couverture par les médias traditionnels et du débat houleux qu’elle a déclenché sur les médias sociaux. Je propose dans ce cadre une réinterprétation de la théorie de l’identité de Paul Ricœur afin d’intégrer les dimensions rhétorique avec celle compositionnelle à travers une hypothèse théorique unitaire. L’identité visuelle sur les réseaux sociaux est toujours le résultat d’une négociation entre deux tendances opposées : d’une part, la pression expérientielle exprimée par des images liées au corps et aux pratiques quotidiennes ; d’autre part, la pression algorithmique due à la délégation de la gestion de l’identité à des logiciels. Le cas de Rupi Kaur est un exemple rare de médiation critique entre ces deux pressions et nous aide à construire une méthodologie pour l’examen d’images appartenant à d’autres domaines sociaux.
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