Un appel à la vigilance dans les scènes de vie quotidienne

Motte, Aurore

doi:10.2143/RE.71.0.3290678

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Un appel à la vigilance dans les scènes de vie quotidienne

Motte, Aurore

2021 • In Revue d'Egyptologie, 71

Peer reviewed

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https://hdl.handle.net/2268/267010

DOI
10.2143/RE.71.0.3290678

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Keywords :

speech captions; Old Kingdom letter; Coffin Texts; P. Boulaq 8

Abstract :

[en] Within the scope of my PhD research, whose focus laid on the Reden und Rufe (i.e. speech captions added in the elite tombs daily-life scenes), I turned my attention to the Hn.k m anx formula as this phrase occurs in a few Old Kingdom tombs. Since its first mention in Egyptological literature in 1919, several analysis, interpretations, and translations have been offered, leading to this new inquiry. My aim is to finally determine its origin and apprehend its exact meaning.
[fr] Dans le cadre de mes recherches doctorales, qui portaient sur les « Reden und Rufe », ces légendes discursives associées aux scènes de vie quotidienne dans les monuments funéraires de l’élite, je me suis intéressée à la formule Hn.k m anx. Cette expression, qui intervient dans de nombreuses légendes de l’Ancien Empire a été analysée, interprétée et traduite de diverses manières depuis sa première mention dans la littérature égyptologique en 1919, appelant une nouvelle enquête pour déterminer son origine et appréhender in fine sa signification précise.

Disciplines :

Classical & oriental studies

Author, co-author :

Motte, Aurore ; Université de Liège - ULiège > Département des sciences de l'antiquité > Egyptologie

Language :

French

Title :

Un appel à la vigilance dans les scènes de vie quotidienne

Publication date :

2021

Journal title :

Revue d'Egyptologie

ISSN :

0035-1849

eISSN :

1783-1733

Publisher :

Peeters Press, Belgium

Volume :

Peer reviewed :

Peer reviewed

Funders :

AvH - Alexander von Humboldt Foundation

Available on ORBi :

since 13 January 2022

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Cet article est le fruit de recherches menées dans le cadre de ma thèse à l’université de Liège. Ces recherches ont été financées par le Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS-F.R.S.). Je tiens à exprimer ici toute ma gratitude aux membres de mon jury de thèse (Prof. J. Winand - ULiège, Prof. J. Allen - Brown University, Prof. P. Vernus - EPHE, Section IV, Dr. St. Polis - ULiège / FNRS-F.R.S., Dr D. Laboury - ULiège / FNRS-F.R.S. et Prof. L. Colonna d’Istria - ULiège) pour avoir patiemment lu et commenté ma dissertation doctorale, dont est extrait cet article, et pour m’avoir fait part de précieuses remarques destinées à améliorer le manuscrit en cours de publication. Mes remerciements vont aussi au Dr Ramadan Hussein (université de Göttingen) pour les réflexions échangées par courriels.
A. Erman, Reden, Rufe und Lieder auf Gräberbildern des Alten Reiches (APAW 15), 1919, p. 8.
Cf. D. Meeks, AnLex I, 1980, 77.2726 et AnLex II, 1981, 78.2701. L’expression n’est en revanche pas citée dans AnLex III, 1982.
Cf. R. Hannig, Großes Handwörterbuch Ägyptisch-Deutsch (2800-950 v. Chr.): die Sprache der Pharaonen (= KAW 64), 2009, cinquième édition, {20774-20775}.
R. van der Molen, A Hieroglyphic Dictionary of Egyptian Coffin Texts (ProblÄg 15), p. 334.
Voir s.v. hn lemme no 105900 sur le site du TLA (page consultée le 04/01/2019): http://aaew.bbaw.de/tla/servlet/TlaLogin.
Voir s.v. hn lemme no 105920 sur le site du TLA, op. cit.
Voir s.v. hn lemme no 105930 sur le site du TLA, op. cit.
Il convient de noter que, dans les papyri du Livre des Morts, l’expression est encodée à l’aide du verbe hnk « offrir» (Wb III, 117, 5-118, 5), donnant l’impression que, pour ces quelques papyri, le pronom suffixe -k a été réinterprété comme faisant partie du verbe. Voir s.v. hnk lemme no 107110 sur le site du TLA, op. cit. Cela étant, je ne m’attarde pas plus longtemps sur ces textes, qui sortent du cadre de cette courte étude, dont la visée principale est de déterminer le sens original de l’expression, non sa possible réinterprétation dans le Livre des Morts.
Cette lettre a récemment fait l’objet d’une nouvelle étude. Voir V. Almansa-Villatoro, « Nepotism and social solidarity in Old Kingdom correspondence: a case study on facework and discernment politeness in P. Boulaq 8», LingAeg 28 (2020), p. 1-25.
Registre supérieur de la paroi sud, voir A. Moussa - H. Altenmüller, Das Grab des Nianchchnum und Chnumhotep (AV 21), 1977, fig. 12 et pl. 31.
Antépénultième registre de la paroi est, voir H. Wild, Le tombeau de Ti, II, La chapelle (première partie) (MIFAO 65/2), 1953, pl. CLV.
Registre inférieur de la paroi sud, voir E. Brovarski, The Senedjemib Complex, Part I, The Mastabas of Senedjemib Inti (G 2370), Khnumenti (G 2374) and Senedjemib Mehi (G 2378), 2000, fig. 40-41 et pl. 25a.
Registre inférieur de la paroi est, voir S. Hassan, Mastabas of Princess Hemet-R’ and Others (Excavations at Saqqara 1937-1938, vol. 3), 1975, pl. XXXVII-XXXVIII et M. A. Murray, Saqqara Mastabas I (BSAE 10), 1905, pl. XI.
Registre inférieur de la paroi sud, voir W. K. Simpson, The Offering Chapel of Sekhem-ankh-ptah in the Museum of Fine Arts, 1976, pl. D. Le mastaba est aujourd’hui conservé au Museum of Fine Arts de Boston et porte le numéro d’inventaire 04.1760.
Second registre supérieur de la paroi est, voir LD, Ergänzungsband, 1913, pl. XLIIIa.
Premier et troisième registres de la paroi sud, voir A. Mariette, Les mastabas de l’Ancien Empire: fragment du dernier ouvrage de A. Mariette édité par G. Maspero, 1889, p. 338-339.
Registre inférieur de la paroi sud, voir N. Kanawati, The Rock Tombs of el-Hawawish, the Cemetery of Akhmim, IV, 1983, fig. 8.
Registre inférieur de la paroi nord, voir LD II, pl. 67.
Cet exemple fait état d’une omission du sujet neutre, signalée par le symbole ø. À propos de ce phénomène dans les légendes discursives des tombes privées de l’élite, voir A. Motte, Les Reden und Rufe dans les tombes privées de l’Ancien Empire à la Basse Époque: Édition et commentaire philologique, thèse de doctorat défendue à l’université de Liège, 2018, p. 1291-1296.
Avant-dernier registre de la paroi sud, voir R. F. E. Paget - A. A. Pirie, The tomb of Ptah-Hetep (BSAE 2), 1898, pl. XXXII.
Le fragment, conservé au musée Allard Pierson à Amsterdam, est consultable sur le site du Global Egyptian Museum (page consultée le 04/01/2019): http://globalegyptianmuseum.org/detail.aspx?id=12588.
Anciennement connu comme le fragment de Kircher en raison de sa mention dans son livre Sphinx Mystagoga sive diatribe hieroglyphica en 1676. Voir G. Roquet, « Un fragment de mastaba à épigraphe publié par Athanase Kircher en 1676», CRAIBL 142/4 (1998), p. 954 pour un facsimilé moderne. Je remercie vivement Elizabeth Fleming (Griffith Institute) pour m’avoir aidée à localiser le fragment.
Avant-dernier et dernier registres de la paroi est, voir Y. Harpur - P. Scremin, The chapel of Kagemni: Scene Details, 2006, p. 512.
La mise en page des hiéroglyphes relative à cette scène de boucherie laisse penser que deux discours accompagnent les bouchers affairés à l’extraction du cœur de la victime sacrificielle. Un trait vertical sépare en effet l’expression hn.k m 'nh de la séquence ir nn di hp ø (« fais cela, fais en sorte que (ça) parvienne»). Pourtant, comme on peut s’en rendre compte à la lecture de ce tableau, la formule hn.k m 'nh vient habituellement clore une suite d’injonctions. Fr. W. von Bissing, Die Mastaba des Gem-ni-kai, 1911, p. 20 propose d’ailleurs de comprendre les deux inscriptions comme un seul texte qui, mal compris par les scribes ou les artistes en charge du décor, aurait été interprété comme deux textes distincts. Voir A. Motte, op. cit., p. 216-217.
Avant-dernier registre de la paroi est, voir N. Kanawati - A. Woods - S. Shafik - E. Alexakis, Mereruka and his Family, Part III/1, The tomb of Mereruka (ACE-Rep 29), 2010, pl. 106.
Registre inférieur de la paroi est, voir N. Kanawati - M. Abder-Raziq, Mereruka and his Family, Part II, The tomb of Waatetkhethor (ACE-Rep 26), 2008, pl. 70.
Registre inférieur de la paroi ouest, voir N. Kanawati, The Rock Tombs of el-Hawawish, the Cemetery of Akhmim, V, 1985, fig. 8.
Respectivement à l’avant-dernier registre de la paroi sud, sur la paroi est et à l’avant-dernier registre du montant ouest de l’embrasure reliant les salles 1 et 6, voir N. Kanawati - A. Hassan, The Teti cemetery at Saqqara II, The tomb of Ankhmahor (ACE-Rep 9), 1997, pl. 40, 49 et 55a.
Avant-dernier registre de la paroi est, voir T. G. H. James, The Mastaba of Khentika called Ikhekhi (ASEg 30), 1953, pl. XXII.
Avant-dernier registre de la paroi est, voir N. Kanawati - M. Abder-Raziq, Mereruka and his Family, Part I, The tomb of Meryteti (ACE-Rep 21), 2004, pl. 52b.
La seule exception est le discours du mastaba de Kagemni mentionné plus haut que von Bissing, op. cit., p. 20 propose d’associer au texte précédent, de manière à obtenir une chaîne injonctive à l’instar des autres occurrences de l’expression. Il fait ainsi fi de la ligne séparatrice verticale entre les deux inscriptions. Il est vrai qu’on ne peut écarter l’éventualité d’une incompréhension lors de la réalisation du décor de cette paroi, d’une erreur de scribes ou de dessinateurs.
Voir R. Hussein, « A New Coffin Text Spell from Naga ed-Dêr», dans St. E. Thompson - P. Der Manuelian (éd.), Egypt and Beyond: Essays Presented to Leonard H. Lesko upon his Retirement from the Wilbour chair of Egyptology at Brown University June 2005, 2008, p. 188.
L’emploi séquentiel du subjonctif est déjà un fait bien établi dans P. Vernus, Future at Issue. Tense, Mood and Aspect in Middle Egyptian: Studies in Syntax and Semantics (YES 4), 1990, p. 18 qui donne la bibliographie antérieure.
Cela n’est toutefois nullement surprenant dans le corpus des Reden und Rufe, en raison du lien prégnant qui unit texte et image dans ces scènes. Voir A. Motte, op. cit., p. 42 pour un commentaire détaillé et la bibliographie antérieure afférente.
Voir par exemple les exemples de la tombe de Kagemni dans Y. Harpur - P. Scremin, op. cit., p. 512.
Kl. Baer, « A Deed of Endowment in a Letter of the Time of Ppjj I?», ZÄS 93 (1996), p. 8, commentaire cc et H. Goedicke, « Papyrus Boulaq 8 Reconsidered», ZÄS 115 (1988), p. 145-146 considèrent qu’il s’agit du verbe hn « être vif, serein» et traduisent respectivement « as fast as my lord can » et « fresh be the lord with life ».
Ce spell est à ce jour sans parallèle. Voir R. Hussein, op. cit., p. 175 et 188. Comme le fait remarquer R. Hussein, en l’état actuel de la documentation, il n’apparaît pas clairement comment cette expression caractéristique des Reden und Rufe a donné naissance à une épithète divine à Naga ed-Deir. Cette épithète, non reprise dans le LGG, est à l’heure actuelle sans précédent, à l’instar de nombreuses autres épithètes de divinités ou de démons mentionnées dans les spell de Naga ed-Deir. Je tiens à adresser ici mes vifs remerciements à R. Hussein (université de Tübingen) pour cette information (communication personnelle, 05/01/2019).
Ce sont les spells 396 et 397. Voir CT V, 74-119. Pour un résumé de ces spells, voir par exemple H. Willems, The coffin of Heqata (Cairo JdE 36418): A Case Study of Egyptian Funerary Culture of the Early Middle Kingdom (OLA 70), 1996, p. 157-161 et S. Bickel, « D’un monde à l’autre: le thème du passeur et de sa barque dans la pensée funéraire», dans S. Bickel - B. Mathieu (éd.), D’un monde à l’autre: Textes des Pyramides & Textes des Sarcophages. Actes de la table ronde internationale « Textes des Pyramides versus Textes des Sarcophages», IFAO - 24-26 septembre 2001 (BdE 139), 2012, troisième impression, p. 105-108. À propos de la transmission du spell 397, voir P. Jürgens, « Zum überlieferungsgeschichtlichen Zusammenhang der Sargtextsprüche 335 und 397», SAK 29 (2001), p. 119-138. Je remercie ma collègue Kata Jasper (université Loránd Eötvös, Budapest) pour m’avoir communiqué cette dernière référence.
Voir formule 99A dans H. Grapow, Religiöse Urkunden: ausgewählte Texte des Totenbuches (Urkunden des aegyptischen Altertums 5/1), p. 154-180. Référence déjà citée dans A. Erman, op. cit., p. 8-9 lors de son bref commentaire sur la formule hn.k m 'nh.
Il s’agit des sarcophages Ab1Ph, B9C, M2C, Sq1C, Sq2C, Sq1Sq, Sq2Sq, Sq7Sq, T1Be, T1C, T2L et T3L.
mn-h.f (ou m-h.f selon les versions) est l’un des noms donnés au passeur céleste, qui a le visage tourné vers l’arrière lorsqu’il dirige sa barque. Voir L. Depuydt, « Der Fall des ‘Hintersichschauers’», dans GM 126 (1992), p. 34-35 et LGG III, 201-202. Ce qualificatif est aussi employé dans les Textes des Pyramides, corpus dans lequel la formule hn.k m 'nh semble toutefois absente. Voir par exemple J. P. Allen, The Ancient Egyptian Pyramid Texts (Writings from the Ancient World 23), 2005, p. 430 ou s.v. m-h.f lemme no 66250 sur le site du TLA, op. cit.
Aqen est le nom d’un autre passeur céleste, dans le monde de l’au-delà, dont la première mention remonte, semble-t-il, à la pyramide d’Aba (PT 590 et 594). Voir notamment LGG II, 237 et S. Bickel, op. cit., p. 94-96.
Dans la version Sq7Sq, le verbe semble avoir été réinterprété (ou confondu?) avec hwi « frapper» (Wb III, 46, 1-48, 15) mais ce n’est pas là la seule singularité. La formule hn.k m 'nh, initialement écrite avec le pronom suffixe de la troisième personne, a été corrigée en plusieurs endroits - un a été réécrit par-dessus le signe_, voir par exemple Sq7Sq 89b (5*) dans CT V, 116 - mais pas systématiquement; voir par exemple CT V, 101d. Dans la version CT V, 90c, le verbe est même écrit . Cette graphie doit peut-être être mise en relation avec le nom du dieu local hn.f-m-'nh () mentionné sur le sarcophage de Pépy-Ima de Naga ed-Deir.
Voir note 40 ci-dessus.
Voir plus précisément CT V, 74k, 77b-c, 79b-c, 82a-b, 87c-d, 89a-b, 90b-c, 95a-b, 101c-d, 104g-h, 106d-e, 108c-d, 109e-f, 110b-c, 112a-b, 113e-f, 114g-h, 116 (89b), 117 (90c), 118 (95b) et 119 (101c-d).
Voir notamment E. Edel, Altägyptische Grammatik I-II (AnOr 34 et 39), 1955-1964, § 562-563 et § 1008, J. P. Allen, The inflection of the verb in the Pyramid Texts (BiAeg 2), 1984, § 491, § 495 et § 532, J. P. Allen, The Heqanakht papyri (MMAEE 27), 2002, p. 95-96, M. Brose, Grammatik der dokumentarischen Texte des Mittleren Reiches (LingAeg Stud Mon 13), 2014, § 238 et A. Stauder, The Earlier Egyptian passive: voice and perspective (LingAeg StudMon 14), 2014, p. 27-28, 36-37 et 230-231.