Abstract :
[fr] Le modernisme qui caractérise les villes africaines est qualifié, par certains, d’européen ou d’étranger. Pourtant, plusieurs architectes ayant travaillé au Congo espéraient faire une architecture qui deviendrait africaine. Les styles européens ne leur convenaient guère plus que ce qui était qualifié d’architecture africaine alors. Ils trouvaient inappropriée pour les villes, une architecture des cases et ne voulaient pas faire une architecture toute aussi décontextualisée juste pour refléter la grandeur de la Métropole. Une nouvelle architecture se présentait comme une voie de sortie. Comme il était impossible d’inventer ex-nihilo, de ne prendre ni d’Europe, ni d’Afrique, leur architecture serait de facto un mélange. L’adaptation à l’environnement est devenue la principale préoccupation. Le modernisme européen s’est mêlé ainsi à l’architecture tropicale en tant qu’ensemble des solutions traditionnelles pour construire sous les tropiques, aux formes sculpturales et picturales suivant les cas.
Ma recherche tente de capitaliser les réponses qui ont été fournies par 5 architectes au besoin d’une architecture urbaine au Congo en relevant les apports locaux et le caractère régional de leurs bâtiments. Elle voudrait questionner le regard que l’on porte sur l’architecture faite par les étrangers, souvent liée à la colonisation et le phénomène d’importation d’architecture qui s’observe chez les anciens colonisés. Elle procède par des études de cas sur des bâtiments essentiellement construits par les architectes belges au Congo avant la formation et les réalisations des architectes congolais. En se basant principalement sur les déclarations de ces architectes, l’analyse de leurs œuvres en comparaison avec une architecture ou une pratique traditionnelle ou locale et les écrits sur le régionalisme, elle tente de démontrer qu’un certain effort a été fourni par chacun de cinq architectes pour produire une architecture digne au Congo. Les architectes ciblés se sont démarqué du modernisme à l’européenne et du style international sans pourtant pasticher le vernaculaire comme dans les expositions universelles ou le postmodernisme. Ils ont ouvert une troisième voie, hybride, entre le traditionnel et le moderne, entre le local et l’international, architecture faite d’un syncrétisme d’idées, qui mérite attention dans le contexte actuel de la montée d’une culture globalisante. Ma recherche suppose que ces architectes, ce faisant, auraient facilité l’appropriation de leurs bâtiments qui peuvent notamment servir d’exemples dans l’enseignement du projet d’architecture.
[en] The modernism that characterizes African cities is described by some as European or foreign.
However, many architects who had worked in Congo hoped to make an architecture that would become African. European styles had not suited them more than what was called African architecture at that time. They found « huts » inappropriate for cities, and did not want neither to make a decontextualized architecture just to reflect the grandeur of the Metropolis. A new architecture presented itself as a way out. Since it was impossible to invent ex-nihilo, to take neither Europe nor Africa, their architecture would be de facto a mixture. Adaptation to the environment has become their main objective and this legitimate concern in any architecture has allowed a great receptivity. European modernism has thus mingled with tropical architecture as a set of traditional solutions for building in the tropics, with sculptural and pictorial forms depending on the case.
My research attempts to capitalize the responses that have been provided by 5 architects to the need for urban architecture in Congo by noting the local inputs and the regional character of their buildings. It would like to question the view of the architecture made by foreigners, often linked to colonization and the phenomenon of architectural importation that is observed among the former colonized. It proceeds through case studies on buildings mainly built by Belgian architects in Congo before the training and achievements of Congolese architects. Based mainly on the statements of these architects, the analysis of their works in comparison with a traditional or local architecture or practice and the writings on regionalism, it attempts to demonstrate that a certain effort has been made by each of the five architects to produce a worthy architecture in Congo. The targeted architects have distinguished themselves from European modernism and international style without yet passing the vernacular as in universal exhibitions or postmodernism. They have opened a third way, hybrid, between the traditional and the modern, between the local and the international, architecture made of a syncretism of ideas, which deserves attention in the current context of the rise of a globalizing culture. My research assumes that these architects, in doing so, would have facilitated the appropriation of their buildings, which can serve as examples in the teaching of the architectural project.