Abstract :
[fr] La mineuse sud-américaine de la tomate Tuta absoluta (Meyrick, 1917) (Lepidoptera : Gelechiidae) est l'un des ravageurs les plus redoutés de la tomate. Elle a été découverte en 2016 au Burkina Faso, un pays où la filière tomate joue un rôle socio-économique et nutritionnel très important. Cette thèse a été initiée pour acquérir les connaissances nécessaires au développement de recommandations et méthodes de lutte contre cette espèce exotique envahissante.
Les résultats d’enquêtes menées auprès des producteurs de tomate burkinabés suggèrent que ceux-ci subissent d’énormes pertes économiques qui les obligent à faire un usage déraisonnable, et souvent infructueux, d’insecticides chimiques de synthèse. En évaluant le niveau de résistance développé par les populations de mineuses, nous avons pu établir une liste positive de produits phytosanitaires encore efficaces. Des insecticides biologiques à base d’extraits végétaux atteignent également un niveau d’efficacité larvicide satisfaisant.
La phénologie de cette espèce a été caractérisée durant deux années complètes, suggérant deux pics annuels d’abondance du ravageur. L’espèce réalise une reproduction sexuée toute l’année, mais en cas d’absence de mâle, pratique une reproduction parthénogénétique deutérotoque.
Parmi les alternatives aux pesticides identifiées durant ce travail, nous avons démontré que Nesidiocoris tenuis (Hemiptera : Miridae), prédateur des œufs et des jeunes larves de la mineuse, est présent et abondant dans de nombreuses surfaces agricoles du pays et pourrait être un allié de choix si des pesticides biologiques sont préférés aux insecticides de synthèse. De même, nos essais démontrent que Gynandropsis gynandra (Capparaceae), une plante potagère comestible et très appétente pour N. tenuis, pourrait favoriser le maintien et la prolifération du prédateur dans les champs de tomates. Aussi, nous avons montré que les variétés de tomate Mongal, Cobra 26 F1 et Kanon F1 ont les meilleures aptitudes à contenir les attaques de la mineuse.
Des stratégies de lutte intégrée, valorisant judicieusement ces différents résultats, permettraient de contenir les invasions de cette mineuse au Burkina Faso. Parmi les solutions présentées au terme de ce travail : la modification des périodes de semi et récolte, l’arrachage des plantes hôtes alternatives du genre Solanum, l’emploi de biocides efficaces et respectueux des espèces locales, et d’autres approches agroécologiques destinées à favoriser les populations d’ennemis naturels.