Abstract :
[fr] Ces dernières années ont vu le nombre de synthèses pluridisciplinaires sur le Paléolithique moyen de France septentrionale augmenter de manière significative (Antoine & Locht, 2015, Hérisson et al., 2016, Locht et al., 2014, Locht et al., 2016). Ce phénomène est dû en grande partie à l’excellente définition du cadre pédo-sédimentaire de la région. Certains de ces sites présentent plusieurs niveaux d’occupation avec parfois des ensembles fauniques exceptionnellement préservés. Cette particularité permet de décrire tous les aspects comportementaux des Néandertaliens avec une haute résolution chronologique. Les travaux sur la région montre une certaine stabilité des méthodes de débitage utilisée par les néanderthaliens, ce qui suggère l’importance de tradition culturelle face aux modifications de l’environnement. En outre, celles-ci ne semble pas impacter non plus les stratégies de subsistance autrement que par le choix des taxons principalement chassés. Ces activités humaines prennent place au sein d’un espace de vie, lieu d’interactions sociales. Longtemps l’espace de vie des néanderthaliens a été décrit en comparaison à celui de l’Homme Moderne, opposant la simplicité du premier à la complexité caractéristique du second. Aujourd’hui cette vision simpliste s’efface peu à peu devant des méthodes d’analyse spatiale de plus en plus perfectionnée, s’éloignant de l’approche visuelle subjective pour tendre vers une modélisation de plus en plus exacte.
Notre étude compare l’organisation spatiale de 11 niveaux d’occupations représentatifs de chaque phase bioclimatique du dernier cycle interglaciaire-glaciaire. Nous avons appliqué un protocole d’analyse spatiale que nous avons construit aux sites de Caours, Villiers-Adam, Fresnoy-Au-Val, Bettencourt-Saint-Ouen et Beauvais Ce protocole, adapté aux sites de plein air du Paléolithique moyen, est composé de plusieurs méthodes grâce auxquelles nous avons pu caractérisé l’organisation spatiale des niveaux d’occupation. Nous avons pu définir, pour chacun d’entre eux, une organisation spatiale complexe de l’espace de vie de Neandertal sous formes d’aire d’activités connectées entre elles. La caractérisation des vestiges fauniques a permis de mettre en évidence des activités de boucherie spécifiques séparées dans l’espace de vie. Sur les sites de Caours et Beauvais toutes les étapes de traitements du gibier sont présentes et semblent réparties de manière non-aléatoire dans l’espace, notamment par rapport aux zones de combustion et de taille d’outils. La répartition des vestiges lithiques montre également une structuration de l’espace autour de postes de débitage. La répartition des vestiges osseux brulés tend à confirmer que les zones de combustion de Caours et Beauvais correspondent bien à des foyers. Les remontages lithiques et fauniques attestent d’interaction humaine. Tous ces éléments suggèrent une structuration complexe de l’espace de vie des Néandertaliens.
[en] Since the last few years, the number of multidisciplinary synthesis on Middle Paleolithic
in Northern France raised significantly (Antoine & Locht, 2015, Herisson et al., 2016, Locht
et al., 2014, Locht et al., 2016). This phenomenon is mainly due to the excellent definition
of the pedosedimentary framework for this region. Some of these sites exhibit multiple
occupation levels associated to faunal remains sometimes characterized by an exceptional
preservation. These multiple levels allow a highly resolved chronological description of every
Neanderthal behavioral aspect. The study of sites from this region reveal some stability about
the knapping methods used by Neanderthals suggesting the importance of cultural traditions
against climatic changes. As well climatic variations do not seems to impact the subsistence
strategy apart from the choice of main taxa hunting. This human activities take place within
the living space, place of social interaction. During a long time, the Neanderthal living space
was describe in comparison with the Modern Human one, opposing the simplicity of the rst
with the typical complexity of the second. Today, this simplistically vision gradually fades
in front of spatial analysis methods more and more advanced, by adding modelization and
quantitative constraints to the classical qualitative visual approach. Our study compares the
spatial organization of 11 occupations level represented from each bioclimatic phase from the
last interglacial-glacial cycle. We applied the spatial analysis protocol that we built for the
sites of Caours, Villiers-Adam, Fresnoy-Au-Val, Bettencourt-Saint-Ouen and Beauvais. This
protocol, adapted to Middle Paleolithic open air sites, is composed with several steps with
which we have been able to characterize the spatial organization of occupation levels. We
defined, for each of them, a complex spatial organization of the Neanderthal living space
as activity areas connected between each other. The characterization of faunal remains
highlight specific butchery activities separated in the living space. For the sites of Caours
and Beauvais, all the step of prey treatments are represented and seems to be distributed in non-aleatory way, particularly related to the combustion and tool knapping zone. The
lithic artifacts distribution suggest also a spatial structuration around knapping station.
The spatial distribution of burned bones confirms that the combustion zones of Caours
and Beauvais really correspond to hearths. The lithic and faunal refitting show human
interactions. The study suggest a complex structuration of the Neanderthals living space.