Abstract :
[fr] Dans la nuit 9 avril 2020, la rupture d’une digue d’un bassin de décantation de la sucrerie TEREOS à Thun-St-Martin près de Cambrai a entraîné le déversement d’environ 100 000 m3 d’eau de lavage de betteraves très riche en matière organique dans le milieu naturel, qui ont rapidement saturé le milieu aquatique ; plusieurs cours d’eau ont été touchés notamment « la Raperie », l’Erclin, puis l’Escaut. Des mortalités piscicoles ont été rapidement constatées sur les différents cours d’eau.
A partir du 20 avril, des mortalités importantes de poisson ont été découvertes en Belgique, d’abord en Wallonie, puis en Flandre. Les mesures en continu réalisées par le SPW sur l’Escaut à Bléharies un peu en aval de la frontière franco-belge ont montré directement que ces mortalités étaient dues à une absence d’oxygène dans l’Escaut.
Les informations provenant de France, où des mortalités de poisson importantes étaient également détectées entre Thun-St-Martin et la frontière belge, ont fait penser que cette pollution était liée à l’accident ayant eu lieu aux bassins de décantation de Tereos.
L’Unité R&D de l’Aquapôle (Laboratoire PeGIRE) de l’Université de Liège a développé depuis plusieurs années une importante expertise en modélisation de la dynamique fonctionnelle des flux biogéochimiques des fleuves et rivières. Il a ainsi développé un modèle mathématique, nommé PEGASE, simulant de manière réaliste l’écosystème des rivières, en ce incluant l’écoulement et la dynamique des principaux flux de carbone, azote et phosphore, et faisant le bilan en oxygène, au sein de grands réseaux hydrographiques, tels que la Meuse et l’Escaut.
Considérant qu’un travail de modélisation transfrontalière pouvait permettre de mieux comprendre et décrire la nature et la dynamique de cette pollution et de sa propagation le long du réseau hydrographique de l’Escaut, le SPW (Service Public de Wallonie, DGO3) a confié à l’Aquapôle une mission visant à modéliser la pollution accidentelle dans l’Escaut grâce à la modélisation PEGASE. Etant donné le caractère international de la pollution, le SPW a associé la France (via la DREAL Hauts de France et l’Agence de l’eau Artois-Picardie (AEAP)) et la Vlaamse Milieumaatschappij (VMM, Région flamande) aux travaux.
Le but de l’étude est de produire un rapport détaillé et scientifique qui comprenne notamment l'ensemble des données produites, les résultats obtenus et validés, les limites d'interprétation et d'utilisation des résultats, les incertitudes liées aux données produites. En pratique, le rapport devra contenir des informations sur
- l’origine/cause (probable) de la pollution
- les quantités émises (estimées) dans les eaux pour atteindre les conséquences observées
- les impacts (potentiels) de telles concentrations pour l'environnement et des propositions sur les éventuelles mesures à mettre en œuvre pour réduire les incidences
- les perspectives de développement de l’outil de modélisation à la suite de la présente convention
La mission comprend essentiellement 3 phases :
1. Organisation et synthèse des informations disponibles : le SPW aura la charge de fournir les données brutes disponibles, provenant du SPW, mais aussi des autres partenaires (DREAL, AEAP, VMM, …) au contractant. Ces mesures sont issues des échantillons prélevés pendant et après la pollution sur l’Escaut en Wallonie, en France, en Flandre, … A charge du contractant d’organiser, synthétiser et valoriser ces informations
2. Mise en œuvre de la modélisation transnationale : cette phase porte notamment sur l’actualisation de la modélisation transnationale réalisée dans les années 2005-2006 : inclusion dans le logiciel PEGOPERA, mise à jour (si données disponibles) des données rejets, incorporation des données (débits, températures, …) permettant de réaliser des simulations sur le mois d’avril 2020
3. Simulation du rejet accidentel : à partir des données récoltées, le contractant estimera le rejet accidentel rejeté dans l’Escaut à partir des bassins de décantation de l’entreprise Tereos et simulera le devenir de la pollution à l’aval (au minimum à la frontière entre la Wallonie et la Flandre, et, si possible, plus en aval). Les simulations reprendront, au minimum, l’évolution des concentrations en oxygène dissous, la demande chimique en oxygène, la demande biochimique en oxygène, le carbone organique et les concentrations sur les différentes formes de l’azote et du phosphore tout au long du parcours wallon de l’Escaut en avril 2020
