Abstract :
[fr] Introduction :
Le double constat est posé dans la littérature d’une diminution de l’estime de soi des étudiants
infirmiers durant leur formation (Randle, 2003) et d’une difficulté à développer la compétence clinique chez ces mêmes étudiants. La conception bidimensionnelle de l’estime de soi de Mruk (2013), fondée sur les sentiments de valeur personnelle et de compétence, et décrivant les « moments d’estime de soi » où cette dernière peut évoluer, constitue un cadre théorique pertinent pour explorer le phénomène de l’estime de soi en formation professionnalisante. L’objectif de celle-ci est d’identifier ces moments se produisant en début de formation, de comprendre leur influence sur l’estime de soi des étudiants et d’explorer leurs effets sur les comportements d’apprentissage.
Méthode :
Un échantillonnage raisonné (profil d’estime de soi tel que décrit par Mruk, variabilité
sociodémographique et école) a permis de sélectionner 39 étudiants. Des entretiens semi-directifs ont été réalisés selon une approche phénoménologique, faisant auto-rapporter les expériences vécues, leur impact sur l’estime de soi et sur le comportement d’apprentissage. Une analyse de contenu a été réalisée en utilisant principalement les répétitions, oppositions, catégories indigènes et catégories théoriques. Les critères de transférabilité, confirmabilité et crédibilité décrits par Malterud (2001) ont guidé les choix méthodologiques.
Résultats - interprétation :
Les événements qui impactent le plus l’estime de soi des étudiants infirmiers en début de formation sont la relation avec les soignants en stage et la réception de résultats. Selon l’expérience vécue et l’interprétation qui en est faite par les étudiants, ces derniers vivent des expériences émotionnelles positives ou négatives qui influencent les dimensions de valeur et de compétence qui déterminent leur estime de soi. Les thèmes qui émergent en lien avec ce processus d’interprétation et les comportements subséquents sont l’attribution causale, l’idée d’être « fait pour être infirmier » et la motivation. Ce processus amène les étudiants à se comporter de manière plutôt proactive, ce qui favorise leur apprentissage, ou au contraire à montrer des comportements de fuite ou de rejet, dans un cercle qui s’avère donc vertueux ou vicieux.
Conclusion :
Cette étude a permis d’identifier les « moments d’estime de soi » en début de formation, et de
comprendre leur impact sur les comportements d’apprentissage des étudiants. Deux axes principaux d’action sont envisagés, amenant à formuler des recommandations à destination d’acteurs de formation. Premièrement, aux formateurs (institutions de formation et terrains de stage) concernant le déroulement et l’accompagnement de ces moments critiques. Deuxièmement, aux institutions de formation, concernant l’intégration dès le début du cursus de dispositifs permettant aux étudiants de se préparer à vivre ces incidents critiques et à les interpréter d’une manière qui protège à la fois leur estime de soi et l’efficacité de leur apprentissage. Les étudiants et la société peuvent également être impliqués dans l’amélioration de la situation. Malterud, K. (2001). The art and science of clinical knowledge: evidence beyond measures and
numbers. Lancet, (358), 397-400.
Mruk, C.J. (2013). Self-Esteem and Positive Psychology. Research, Theory and Practice (4th ed.). New-York, NY: Springer.
Randle, J. (2003). Changes in self-esteem during a 3 year pre-registration diploma in higher
education (nursing) programme. Learning in Health and Social Care, 2(1), 51-60.