Abstract :
[en] In the early autumn of 2018, a virus as contagious as it is deadly, carried by wild boars (Sus scrofa
Linnaeus, 1758) with the probable involvement of humans, crossed the Belgian border. African swine
fever, which only affects suidae, is rapidly spreading in the forests of Gauma. The boar, whose status
has gradually shifted from a regional emblem to a symbol of hunting abuses, finds itself abruptly
transformed into a sanitary threat needing to be eliminated. The wild swine can contaminate its
domestic cousin, the farmed pig (Sus domesticus Erxleben, 1777). Therefore, the spread of the virus
would jeopardise the fragile Belgian pig farming sector concentrated in the north of the country.
This is the start of a crisis that will last for more than 24 months; the infected forest is zoned and
then isolated for the purpose of sanitisation, while “biosecurity” and “white zone” become the only
watchwords. Mass destruction measures for wild boars are imposed by the administration and its
experts through new so-called “sanitary rituals”. To achieve a rapid “return to normal”, hunters
– mostly local ones – are enlisted in the name of their hunting skills, which, although they are
usually contested by a part of Belgian society and media, are considered essential in this case. This
event brings us to an exploration of the practices actors are attached to and forced to renounce
to in the name of good crisis management. On-the-ground realities as related by field men bear
witness to the unease felt in the face of the “dirty work” asked of them, while the upheaval of coexistence reveals ethical, tradition- and identity-related questions already existing before the crisis.
[fr] Au début de l’automne 2018, un virus aussi contagieux que mortel s’invite sur le territoire belge, transporté par des sangliers (Sus scrofa Linnaeus, 1758) avec la probable complicité des humains. La peste porcine africaine, qui ne touche que les suidés, se répand rapidement dans les forêts gaumaises. Le sanglier, dont la trajectoire bifurque peu à peu d’emblème provincial à symbole des dérives de la chasse du fait de sa surdensité sur tout le territoire, se retrouve abruptement propulsé en menace sanitaire à abattre. Il peut contaminer son cousin domestique, le cochon d’élevage (Sus domesticus Erxleben, 1777), et par conséquent, si le virus venait à se disperser, mettre à mal le fragile secteur de l’élevage porcin belge concentré au nord du pays. C’est le début d’une crise qui va durer plus de 24 mois; la forêt infectée est délimitée par zones puis confinée dans le but d’être nettoyée. Les mots d’ordre deviennent «biosécurité» et «vide sanitaire». Des mesures de destruction massive des sangliers sont imposées par l’administration et ses experts via des nouveaux rituels dits «sanitaires». Pour atteindre un rapide retour à la normale, des chasseurs, pour la plupart locaux, sont enrôlés au nom de leurs compétences cynégétiques, considérées ici comme indispensables. Pourtant, depuis longtemps, elles sont contestées par les autres acteurs de la gestion de l’environnement, tout comme par une partie de la société et des médias. Cet événement nous engage à explorer les pratiques cynégétiques auxquelles les acteurs sont attachés mais doivent renoncer au nom de la «bonne» gestion de cette crise. Les récits des protagonistes de terrain témoignent du malaise face au «sale boulot» qui leur est demandé, tandis que le bouleversement des coexistences révèle des questions éthiques, coutumières et identitaires déjà sous-jacentes avant la crise.
Scopus citations®
without self-citations
19