L’architecture (durable) comme technologie de gouvernement : apports et détournements de la sociologie de l’action publique

Cet article explore les dimensions méthodologiques et épistémologiques de la rencontre entre le courant cognitif de la sociologie de l’action publique et la recherche en architecture, à partir de l’analyse de l’« appel à projet bâtiments exemplaires », elle-même abordée à travers les modalités de construction de l’intérêt général. L’analyse souligne en particulier la capacité de cette rencontre à dépasser la focale de la performance qui domine actuellement les recherches s’attachant à l’architecture durable, en permettant de questionner l’architecture sous l’angle des transformations de la conception du « développement » à partir de l’analyse des sens de l’action publique. Exacerbant les dimensions politique et politisée de la production architecturale, l’analyse montre que les bâtiments « exemplaires » produits dans le cadre des appels à projets étudiés constituent des instruments de régulation à part entière. En offrant un support à l’idéalisation des avancées du secteur de la construction et à la justification de certains choix politiques, ces bâtiments participent fortement à stabiliser la problématisation de l’habiter durable à Bruxelles et ce, à l’inverse des logiques à l’origine de l’appel à projets.