Abstract :
[fr] Incitant à rire aux dépens d'autrui, la mystification repose sur une logique victimaire dont elle tire ses effets. Elle a aussi partie liée avec les dispositifs médiatiques, dans la mesure où elle isole un élément familier dans une portion du quotidien – scène de rue, échange téléphonique, émission télévisée, communication entre un créateur et son public –, pour le détourner de ses fonctions habituelles et en faire un sketch animé d’une dynamique interactive. Dans ce jeu de dupes, les participants les plus impliqués, c’est-à-dire les cibles, ignorent temporairement le rôle véritable qui leur est donné à jouer, tandis que les témoins amusés contemplent une représentation médiée, scénographiée, du réel. Le canular produit ainsi un spectacle à l’insu de ses acteurs principaux et à destination de ceux qui, aux premières loges, assistent à la transformation de leur réalité en une situation improbable et divertissante. Une part importante est assumée à cet égard par les auxiliaires du dévoilement de l’imposture, d'autant plus que les circonstances de la réception et les aptitudes au décodage sont essentielles à l'éclatement du rire. La mystification questionne par ailleurs la réversibilité des signes du vrai et du faux et n'est pas à confondre avec la supercherie qui n’a d’existence qu’aussi longtemps qu’elle n’est pas décelée. Réfléchissant à ces logiques du rire de mystification, le chapitre questionne ses modalités communicationnelles, sociales, esthétiques et posturales.