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Abstract :
[fr] Will robots take my job1 ? Cette phrase choc,
matérialisée sous la forme d’un site web, résume une des préoccupations majeures liées à l’avènement de l’intelligence artificielle (IA) : la disparition massive d’emplois au profit des machines.
Entre fatalisme et utopisme technologique naïf, les entreprises peinent à se positionner face aux transformations qu’engendre l’IA sur leurs métiers et activités.
L’étude de Frey et Osborne (2013), représentative d’un courant dominant de la littérature scientifique, aborde cette question par le biais des emplois. Les auteurs exposent des pourcentages sur le nombre d’emplois dont l’IA va entraîner la disparition ou l’apparition. Ces chiffres sont déclinés suivant les secteurs d’activité, aboutissant à des projections socio-économiques pour demain et soulignant les risques pour certaines catégories de travailleurs plus vulnérables. Un écueil de cette approche quelque peu mécanique est son focus essentiellement quantitatif sur les métiers considérés dans leur globalité.
D’autres auteurs comme Brynjolfsson et al. (2018) s’attachent à montrer que les impacts de l’IA sur les métiers gagneraient à être appréhendés en termes de tâches qui les composent. Ils proposent une analyse de la transformation des emplois, plus ou moins profonde selon le nombre de tâches qui seraient prises en charge par l’IA, de manière autonome ou en collaboration avec
l’être humain. À une logique de remplacement
de l’homme par la machine se substitue ainsi
une posture centrée sur le potentiel des partenariats collaboratifs homme/machine, en prenant en compte les spécificités des contextes dans lesquels elle se déploie et les comportements des acteurs (utilisateurs « exemplaires », leaders d’opinion, dirigeants, actionnaires, lobbies, etc.) qui vont influencer son usage.
Une approche des impacts de l’IA par une analyse des tâches conduit aussi à s’intéresser aux compétences nécessaires pour leur réalisation, et au caractère plus ou moins remplaçable de certaines d’entre elles. L’IA en tant qu’innovation technologique est alors envisagée comme étant à la fois structurante et construite par les interactions sociales et son impact rattaché à la transformation et à l’évolution des profils des compétences. C’est le parti que notre équipe de recherche, engagée dans une étude pour un grand acteur du secteur des télécoms en Europe, a choisi d’adopter.
Gageons que cette perspective permettra d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion et de positionnement transcendant une vision dichotomique des impacts de l’IA.