Abstract :
[fr] Le projet de recherche INTER'ACT s’attèle au défi sociétal et professionnel encore sous- exploré de l’insatisfaction et du manque d’investissement des usagers, encore largement absents au sein des processus de conception architecturale [1], en particulier dans le domaine de la conception domiciliaire [2 - 6]. Partant de l’hypothèse que certaines frustrations pourraient être résolues dès les phases amont du processus, l’objectif du projet est de renouveler et développer modèles, méthodes et outils dédicacés d’interaction de manière à poursuivre un effort déjà entamé par certaines communautés (scientifiques, professionnelles), soit aider les usagers désireux à maximiser leur investissement [7 - 9] et aider les architectes à combler le fossé qui les sépare encore de leurs clients et usagers finaux [10].
Le projet se construit autour de deux axes principaux : (i) s’enquérir de l’existant, soit identifier les interactions, attentes et les modalités actuelles d’investissement de ces usagers, et (ii) s’enquérir d’autres modèles envisageables, en examinant les bonnes pratiques des disciplines cousines de la conception (qui font preuve d’une tradition plus ancrée en matière d’approches centrées et « dirigées » par les usagers), et les adapter de manière à mobiliser les attentes, expériences et volontés d’investissement des usagers au profit du processus de conception.
Ces deux axes seront eux-mêmes soutenus par deux piliers méthodologiques: (i) des études de cas in situ et rétrospectives qui outilleront la compréhension fine de la nature et des déterminants des (in)satisfactions et interactions actuelles et (ii) des ateliers participatifs pour développer et tester des protocoles prospectifs d’interaction qui mettront au défi les freins relevés sur le terrain.
A ce stade du projet (débuté en juin 2020), nous proposons de communiquer essentiellement quelques-uns des résultats préliminaires obtenus grâce à une enquête large spectre diffusée en ligne à l’ensemble des architectes inscrits à l’Ordre national des Architectes Francophones et Germanophones belge, et qui a recueilli 604 réponses jugées valides. Ces résultats portent essentiellement sur l’importance qu’ont, aux yeux des architectes, les premiers pas de la
relation avec le client-habitant, en particulier en matière de modalités d’interaction, d’échanges et de (co-)construction du projet. Les niveaux d’implication actuels des clients- habitants, tels que recensés et/ou perçus par leurs architectes, seront également discutés en regard des souhaits exprimés à cet égard par les architectes. En effet, seuls 30% des architectes interrogés expriment l’envie que leurs clients s’investissent davantage au fil du projet, tous les autres se contentant du statu quo d’une interaction essentiellement discursive, préférant informer et consulter les clients-habitants plutôt que d’envisager les bénéfices du co-concevoir.
Notre espoir est de mieux saisir les raisons qui justifient une telle réticence ; travailler avec les architectes à l’évolution de ces résistances pour in fine atteindre la « capacitation » pérenne tant des usagers que des architectes, de manière à atteindre des niveaux d’interaction, de satisfaction et d’acceptabilité durables, cruciaux au vu des nombreux défis auxquels l’architecture sera confrontée ces prochaines décennies.
Name of the research project :
INTER'ACT, Financement F.4513.20