Abstract :
[fr] En Méditerranée et en Manche-Atlantique, les travaux sur l’utilisation de la signature pigmentaire du phytoplancton ont abouti à la mise au point des indices de composition ICPP Médit et ICBC, développés respectivement par Anne Goffart et Luis Lampert. Dans le cadre de cette étude, les méthodologies développées en Méditerranée et en Manche-Atlantique ont été croisées. Elles ont été appliquées aux nouveaux jeux de données (nutriments et pigments) acquis en 2016 et 2017 dans les eaux côtières des trois façades métropolitaines. Les résultats obtenus montrent qu’il n’y a pas un indice de composition « universel » applicable partout, mais que les spécificités régionales doivent être prises en compte pour l’évaluation de la qualité de la composition phytoplanctonique.
La méthodologie développée en Méditerranée a été transposée aux eaux côtières atlantiques en intégrant les caractéristiques des communautés phytoplanctoniques qui y sont présentes. L’indice ICPP Atlantique est un indice multimétrique qui intègre les cinq groupes phytoplanctoniques qui répondent le mieux aux pressions (diatomées, dinoflagellés, cryptophycées, prasinophycées, chlorophycées). Une très bonne corrélation (R2 = 0.98) est obtenue entre les EQRs issus de l’application de l’ICPP Atlantique et de l’ICBC. En Atlantique, l’évaluation croisée aboutit à un classement cohérent des sites échantillonnés, mais seul l’ICPP Atlantique répond aux proxys de pression.
En Méditerranée, l’ICPP Médit et l’ICBC, exprimé en EQR, répondent aux pressions exercées par les nutriments. Les résultats de l’évaluation de la qualité de la composition phytoplanctonique par les deux indices sont fortement corrélés (R2 = 0.93). Cependant, dans 2 cas sur 15, l’application de l’ICPP Médit ou de l’ICBC induit des différences importantes dans le classement final des points, qui, sur base des grilles de qualité actuelles, sortent ou non du bon état écologique. Sur base de notre expertise en Méditerranée, le classement résultant de l’application de l’ICPP Médit nous parait mieux caractériser la réalité du terrain.
En Manche, où les masses d’eau sont régulièrement soumises à des blooms de Phaeocystis, un seul pigment (l’alloxanthine) répond positivement aux proxys de pressions. Il en résulte que la méthodologie développée en Méditerranée n’est pas applicable.
En Méditerranée comme en Atlantique, et au-delà de la caractérisation de la qualité de la composition phytoplanctonique, l’ICPP fournit des informations sur la saisonnalité des perturbations. En cela, il peut apporter des informations complémentaires utiles aux gestionnaires de l’environnement côtier.