Abstract :
[fr] Dans le contexte actuel d’une conscientisation forte du grand public quant à l’empreinte globale associée à la production des produits du quotidien, le développement de procédés industriels alternatifs aux procédés pétrosourcés devient une réalité de plus en plus marquée.
La bioraffinerie vise à la transformation de matières premières naturelles et renouvelables (non fossiles) afin d’alimenter alternativement les filières chimiques traditionnellement exclusivement pétrosourcées. L’utilisation de ressources renouvelables pour alimenter les différentes filières chimiques est motivée à la fois par une volonté de réduire l’impact environnemental et de palier à la diminution des réserves de ressources fossiles.
Dans ce travail, des matières premières biosourcées, comme le glycérol, l'érythritol, l'acide shikimique et l'acide quinique ont été transformés en produits à haute valeur ajoutée d’utilité particulière pour l'industrie chimique. Ces transformations ont été réalisées en flux continu dans des microréacteurs spécifiquement construits pour ces applications. Nous avons développé une application unique de la réaction de désoxydéshydratation (DODH) pour la préparation d’oléfines, produits typiquement pétrosourcés, à partir de composés biosourcés. L’application de la réaction de DODH en conditions microfluidiques a permis d’obtenir des très bons rendements en alcool allylique (84%) à partir du glycérol commercial. De même que le glycérol non purifié, issu de la synthèse du biodiesel que nous avons réalisée à partir de l'huile de Jatropha curcas a donné 86% d’alcool allylique. Un profil varié des produits (3-butène-1,2-diol, 1,3-butadiène, 2,5-dihydrofurane et crotonaldéhyde) dont les proportions sont liées aux conditions de réaction a été obtenu à partir de l'érythritol, avec des rendements modérés à quantitatifs. Le 3-butène-1,2-diol obtenu (56%), non purifié, a été transformé lors d'une synthèse subséquente, en vinyléthylène carbonate (71%), un produit à haute valeur ajoutée pour l’industrie des polymères. L'acide shikimique et l'acide quinique ont été transformés en acide benzoïque (60% et 6% respectivement). Les mécanismes et sélectivités sont également étudiés afin de pouvoir orienter les réactions.
Ce travail fournit un outil efficace et original pour la transformation des molécules issues de la biomasse, facile à mettre en œuvre, avec les avantages d'opérer à des temps de réaction brefs, et avec une sécurité inhérente à haute température.
