Unpublished conference/Abstract (Scientific congresses and symposiums)
Penser les pratiques alimentaires des enfants et des familles migrantes : enjeux, décalages et tensions autour des repas dans un centre d'hébergement et dans une école en Belgique francophone
Vivier, Mélanie
2019 • Journée d'étude "Alimentation en migration. Enjeux de santé, de transmission et d'acculturation"
[fr] La recherche doctorale en cours cherche à identifier et documenter le rôle et la place de l’alimentation, à partir du concept de foodscapes (Dolphijn 2004), et plus particulièrement des foodscapes enfantins (Johansson et al. 2009) dans la vie quotidienne d’enfants et de leur famille réfugiée en Province de Liège (Belgique). Plus spécifiquement, cette recherche s’appuie sur un terrain ethnographique de plusieurs mois au sein d’un centre d’hébergement Croix Rouge et dans une école communale primaire.
Dans ce cadre, des observations ont été menées à la cantine du centre. En effet, cet espace est apparu comme un lieu de rencontre entre les normes et les pratiques alimentaires institutionnelles et celles des résidents (adultes et enfants), cette confrontation suscitant de nombreux décalages et tensions. Venant de pays aux référents sociaux et culturels souvent éloignés de ceux de la société d’accueil, les familles en demande d’asile ont parfois des difficultés à s’adapter au système alimentaire du centre, organisé selon les pratiques, les valeurs et les normes alimentaires en vigueur en Belgique, et encadrés par des règles institutionnelles strictes.
Face à ce système alimentaire institutionnalisé, les familles mettent en place différentes tactiques, bricolages ou stratégies (De Certeau 1990) qui permettent de détourner ces règles et de maintenir certaines pratiques et valeurs alimentaires du pays d’origine. Par exemple, certains aliments de la cantine sont « recuisinés », les assiettes individuelles deviennent des plats partagés, les repas sont pris dans les chambres en dehors des heures prévues par l’institution.
In fine, l’espace cantine fait surgir un certain nombre de questionnements qu’il serait intéressant de développer. Comment les pratiques alimentaires variées et les représentations qu’elles mobilisent peuvent-elles devenir un vecteur d’échanges, ou, au contraire, de stigmatisation des populations migrantes dans la société d’accueil ? Comment, l’informel peut-il émerger dans un espace institutionnalisé dédié à l’alimentation et structuré par des règles et des normes formellement édictées et dont l’application est contrôlée ?
Disciplines :
Anthropology
Author, co-author :
Vivier, Mélanie ; Université de Liège - ULiège > Département des sciences sociales > Anthropologie culturelle
Language :
French
Title :
Penser les pratiques alimentaires des enfants et des familles migrantes : enjeux, décalages et tensions autour des repas dans un centre d'hébergement et dans une école en Belgique francophone
Publication date :
09 October 2019
Event name :
Journée d'étude "Alimentation en migration. Enjeux de santé, de transmission et d'acculturation"
Event organizer :
Christine Tichit (INRA, CMH) et Simeng Wang (CNRS, CERMES3) dans le cadre du Tour du CNRS en 80 jours
Event place :
Paris, France
Event date :
le 9 octobre 2019
By request :
Yes
Audience :
International
References of the abstract :
La recherche doctorale en cours cherche à identifier et documenter le rôle et la place de l’alimentation, à partir du concept de foodscapes (Dolphijn 2004), et plus particulièrement des foodscapes enfantins (Johansson et al. 2009) dans la vie quotidienne d’enfants et de leur famille réfugiée en Province de Liège (Belgique). Plus spécifiquement, cette recherche s’appuie sur un terrain ethnographique de plusieurs mois au sein d’un centre d’hébergement Croix Rouge et dans une école communale primaire.
Dans ce cadre, des observations ont été menées à la cantine du centre. En effet, cet espace est apparu comme un lieu de rencontre entre les normes et les pratiques alimentaires institutionnelles et celles des résidents (adultes et enfants), cette confrontation suscitant de nombreux décalages et tensions. Venant de pays aux référents sociaux et culturels souvent éloignés de ceux de la société d’accueil, les familles en demande d’asile ont parfois des difficultés à s’adapter au système alimentaire du centre, organisé selon les pratiques, les valeurs et les normes alimentaires en vigueur en Belgique, et encadrés par des règles institutionnelles strictes.
Face à ce système alimentaire institutionnalisé, les familles mettent en place différentes tactiques, bricolages ou stratégies (De Certeau 1990) qui permettent de détourner ces règles et de maintenir certaines pratiques et valeurs alimentaires du pays d’origine. Par exemple, certains aliments de la cantine sont « recuisinés », les assiettes individuelles deviennent des plats partagés, les repas sont pris dans les chambres en dehors des heures prévues par l’institution.
In fine, l’espace cantine fait surgir un certain nombre de questionnements qu’il serait intéressant de développer. Comment les pratiques alimentaires variées et les représentations qu’elles mobilisent peuvent-elles devenir un vecteur d’échanges, ou, au contraire, de stigmatisation des populations migrantes dans la société d’accueil ? Comment, l’informel peut-il émerger dans un espace institutionnalisé dédié à l’alimentation et structuré par des règles et des normes formellement édictées et dont l’application est contrôlée ?
