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Abstract :
[fr] La question du tutorat fait l’objet de recherches et de réflexions dans de nombreux secteurs professionnels. Plus récemment, elle est traitée dans la formation aux métiers de l’accueil de l’enfance, métiers de l’interaction humaine qui se situe à la croisée du care et de l’éducation, dont la complexité ne cesse d’être mise en évidence. Cette complexité de l’activité dans ces métiers pose le défi de sa transmission (Alonso Vilches & Pirard, 2016, 2018 ; Filliettaz, Rémery & Trébert, 2014 ; Ulmann, Betton & Jobert, 2011). Comment « transmettre » dans une activité où la place des savoirs est très souvent minimisée, où tant les injonctions et prescriptions que les attentes et points de vue des différents acteurs (enfants, parents, professionnels, formateurs, responsables politicio-administratifs) sont multiples et souvent contradictoires, sources de tensions et d’incertitudes à gérer (Pirard, Camus, Barbier & 2018) ? Comment accompagner et former à une activité réflexive où il ne s’agit pas d’appliquer des procédures, de chercher la bonne manière de faire, mais de parvenir à s’ajuster au mieux dans l’action et l’interaction aux situations rencontrées qui font une large place à l’imprévu ? Dans le secteur de l’accueil de l’enfance où le professionnel inscrit le plus souvent son activité dans un travail d’équipe, le tutorat ne peut se réduire à une interaction en face à face, dans le feu de l’action, entre le tuteur et le tutoré (en situation avec les bénéficiaires) ou hors de l’action, dans des moments plus formalisés comme par exemple dans des entretiens de bilan et/ou d’évaluation. Le tutorat s’intègre dans un collectif de travail et prend place dans des dispositifs ensembliers permettant dans l’idéal de rapprocher le monde scolaire (institut de formation qui peut avoir des niveaux et orientations variables selon les pays) et le monde de production (les services d’accueil de l’enfance) autour d’un projet de formation professionnelle cohérent qui vise une professionnalisation inscrite dans des démarches partagées plutôt qu’une standardisation de pratiques collectives. Il ne repose pas sur les seules compétences individuelles en développement des tutorés et des tuteurs, mais engage plus largement une responsabilité institutionnelle (au minimum celle des instituts de formation et des services concernés), interinstitutionnelle (interaction entre instituts de formation, services et autres partenaires susceptibles de les soutenir dans la mise en place d’un dispositif formalisé riche en affordances) et de gouvernance (assurant les conditions de mise en œuvre). Il s’inscrit dans « un système compétent » où l’évaluation devient une fonction centrale, mais sans être pourtant clairement définie. Comment opère l’évaluation dans les dispositifs professionnalisant du secteur ? Quelles formes d’évaluation privilégie-t-on ? Comment se conjuguent logique d’évaluation et logique d’accompagnement dans les dispositifs proposés ? Qu’en est-il de l’évaluation des actions sur le terrain, qu’elle soit interne, externe ou négociée et interactive ? Qui implique-t-elle, en fonction de quels objectifs explicites et/ou implicites, voire cachés, avec quelles catégorisation, pour quels effets recherchés et/ou non escomptés ? Ce symposium propose un éclairage sur l’évaluation en place dans des dispositifs de tutorat de formation dans le secteur de l’accueil de l’enfance, analysée de manière contextualisée dans différents pays francophones (Québec, France, Suisse, Belgique). Sur la base de différents cadres théoriques et méthodologiques, il vise à mieux comprendre différentes façons d’envisager et de mettre en œuvre l’évaluation dans les dispositifs impliquant des institutions de service, de formation et autres, en questionnant les visées de professionnalisation/standardisation qui les traversent.