Biodiversité et Biologie des Populations de Poissons dans la Meuse belge. Cas des espèces en phase de reconstitution-restauration démographique et des espèces allochtones en voie de naturalisation

Le peuplement en poissons de la Meuse belge a été étudié depuis les années 1970 au moyen de différentes techniques complémentaires : pêche à l'électricité de long des berges et en aval des déversoirs de barrages de navigation, pêche au filet maillant, piégeage des poissons en remontée dans des échelles à poissons, récolte des poissons entraînés dans les prises d'eau de refroidissement de centrales électriques, statistiques de pêche à la ligne (pas de pêche professionnelle) et de mortalité massive lors de pollutions industrielles. Dans l'état actuel des connaissances, l'ichyofaune de la Meuse Belge présente les caractéristiques suivantes : i) 6 espèces localement éteintes, essentiellement (n=5) des migrateurs amphibiotiques anadromes (esturgeon, alose feinte, grande alose, corégone oxyrhinque, lamproie marine) impactés par des barrages et une espèce non migratrice (lote de rivière); ii) 1 espèce amphibiotique anadrome, le saumon atlantique, considérée comme éteinte depuis les années 1940 mais en cours de réintroduction (repeuplements en sujets d'origines étrangères) dans le cadre d'un programme 'Meuse Saumon 2000', lancé en 1987 et concrétisé en fin 2002 par le retour de 12 saumons adultes dans la Meuse à Visé-Lixhe à la frontière belge-néerlandaise (environ 300 km de la Mer du Nord) ; iii) 25 espèces indigènes (y compris quelques espèces non-indigènes à naturalisation très ancienne comme la carpe commune) parmi lesquelles plusieurs espèces très rares (loche d'étang, loche de rivière) à assez rares (ombre commun, flet) ou en forte régression (hotu, barbeau fluviatile, anguille européenne sous la forme d'anguilles jaunes juvéniles en migration de remontée) à cause de l'altération des habitats physiques par la canalisation et les barrages et iv) 6 espèces allochtones naturalisées avant 1950 (sandre, poisson-chat américain, perche-soleil) et après 1980 (vairon américain, pseudorasbora, aspe). Il faut signaler le cas particulier du silure glane considéré par les archéozoologues comme indigène dans la Meuse jusqu'au moment de sa disparition située il y a environ 400 ans (Petit Age glaciaire) mais qui connait une explosion démographique spectaculaire commencée vers 1985 après une introduction par l'homme.