[fr] La réflexivité, le journal de bord et la saturation théorique constituent les ressorts reconnus de la recherche qualitative. Leur implication excède cependant l’acception qui leur est habituellement donnée. La présente contribution entend les tirer aussi loin que possible.
Me référant aux propositions de l’analyse par théorisation ancrée, je propose de structurer le journal de bord de sorte que chaque note s’appuie toujours sur une note précédente. En remontant ces « ancrages », le praticien est en mesure de prouver chacune de ses conclusions. Qu’il soit tenu sur papier ou sur ordinateur, un tel journal assure donc la scientificité d’une démarche qualitative, sans la soumettre à une standardisation ni céder aux canons des recherches expérimentales ou quantitatives.
Devenu instrument de scientificité, le journal revêt un intérêt particulier pour la communauté scientifique. Ce nouveau statut interroge son accessibilité (au moins partielle) : confinée dans une armoire, la preuve devient difficile à administrer. Il est aujourd’hui possible de se doter d’une plateforme informatique permettant aux collègues de s’assurer de la rigueur des ancrages.
Informatisé, le journal de bord facilite la coordination d’une équipe, permet un pilotage fin par le commanditaire et rend possible des restitutions en ligne. Le numérique autorise donc des usages inédits mais draine aussi de nouveaux risques.