Les Poissons de la Vesdre

Cet article présente une analyse succincte de la situation piscicole actuelle (2008) de la Vesdre (longueur:72,5 km; bassin versant: 703 km2; débit module vers l'embouchure : 11,5 m3/s) sur la base des résultats des études menées par l'U. Liège à la faveur de divers programmes de recherche sur l'écologie des poissons de Wallonie. De 2000 à 2007, des pêches à l'électricité furent réalisées dans 17 stations réparties sur l'entièreté du cours de la Vesdre et représentant différents niveaux de qualité d'eau. Au total, furent capturés près de 29.487 poissons appartenant à 24 espèces auxquelles on peut ajouter deux espèces présentes dans les affluents, ce qui correspond à une biodiversité totale de 26 espèces dans le bassin. Cette diversité en espèces piscicoles est spectaculairement meilleure que dans les années 1978-1979 (moins de 10 espèces) quand la pollution de l'eau était extrême avant la mise en place d'importantes infrastructures d'épuration (225.000 EH) en 1998-2004. En terme d'abondance numérique des espèces, la structure de la communauté piscicole globale est dominée par des espèces de petite taille et assez polluo-résistantes (vairon 62,2 %; loche franche 11,4 % ; épinoche 5,0 % ; goujon 3,87 %) mais on trouve aussi des espèces polluo-sensibles et de haute qualité écologique comme les Salmonidés (truite commune : 4,8 %; ombre commun : 3,34 %) et les Cyprinidés d'eau rapide (vandoise:0,5% ; barbeau 0,38 %; hotu:0,30 %), voire même des espèces patrimoniales comme le chabot (1,08 %) et l'anguille (0,30 %). Concernant l'abondance absolue des communautés en biomasse, les dénombrements dans 9 stations indiquent une biomasse moyenne de 148 kg/ha avec des extrêmes de 28 Kg/ha et 353 kg/ha selon les stations. A partir de ces diverses données de base, l'article analyse en détail les relations entre les caractéristiques des communautés ichtyologiques des différentes stations et les caractéristiques de ces dernières en termes de distance à la source, de qualité de l'eau, de perturbation de la continuité écologique par des seuils souvent associés à des centrales hydroélectriques et d'actions de repeuplement d'entretien et de réintroduction. Un premier volet de l'analyse porte sur les profils en long de l'abondance relative en biomasse de 4 groupes écologiques : les Salmonidés (truite commune et ombre commun), les Cyprinidés rhéophiles (chevaine, barbeau, vandoise, hotu, ablette spirlin), les espèces de petite taille dominantes (vairon + goujon ) et les autres espèces. Un deuxième volet de l'analyse examine le statut et l'évolution démographique des principales espèce à valeur bioindicatrice de la qualité du milieu : i) les espèces de petite taille à statut Natura 2000 (chabot et petite lamproie), les Salmonidés, les Cyprinidés rhéophiles et l'anguille européenne. En conclusion, l'étude identifie les axes majeurs d'actions pour accélérer et améliorer la restauration ichtyologique de la Vesdre : i) poursuite des efforts d'épuration des eaux usées, ii) rétablissement généralisé de la libre circulation des poissons en remontée (notamment à partir de la basse Ourthe et de la Meuse) grâce à la construction d'échelles à poissons; iii) réduction de l'impact des turbinages hydroélectriques (aides à la dévalaison, fixation de débits réservés) et iv) optimisation des méthodes de repeuplement en Salmonidés (notamment saumon atlantique), Cyprinidés rhéophiles et jeunes anguilles.