Repenser le politique. Une théorie linguistique dédiée à l'écologie

Au fur et à mesure que la conscience collective s’est éveillée à l’égard des enjeux environnementaux jusque dans les gestes les plus quotidiens, l’idée s’est fait jour que l’écologie est appelée à se présenter comme un projet politique à part entière. Pour envisager un tel projet, il convient toutefois de se donner des moyens de pensée qui l’élèvent à la hauteur d’autres grands modèles politiques d’organisation sociale ; des moyens qui impliquent en outre la transition, le passage d’un modèle à l’autre. La réflexion nous a conduit à aller chercher ces moyens là où l’on ne se souciait plus guère, ces temps-ci, de les trouver : dans des théories linguistiques.
Dans cette conférence, on montrera l’efficacité de concepts linguistiques pour la pensée du politique. Une lecture de La Démocratie en Amérique II (1840) reconstruira sous la forme de systèmes spécifiques de rapports sociaux — des systèmes « participatifs », ainsi que les a conçus le linguiste Hjelmslev — la manière dont Tocqueville distingue les sociétés démocratiques des sociétés aristocratiques, puis nous conduira à élaborer, sur ce canevas, un système écologique. On observera en outre comment les modalités d’action (vouloir, pouvoir, devoir), comme la linguistique les analyse, sous-tendent la logique de ces systèmes en offrant le moyen de distinguer différentes stratégies d’action pour l’organisation sociale.