Abstract :
[fr] Fondée à la fin du Xe siècle, la collégiale Sainte-Croix est située au Nord-Ouest de la cité médiévale de Liège, sur la partie orientale de la colline du Publémont, à cheval entre la collégiale Saint-Martin et l’ancienne cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert. L’église actuelle, essentiellement gothique, est le résultat de diverses campagnes de travaux échelonnés entre la première moitié du XIIIe siècle et la fin du XVe siècle. Particulièrement appréciée au XIXe siècle pour son histoire et ses formes architecturales singulières, elle est considérée par les premières administrations belges comme l’un des monuments historiques majeurs du pays, ce qui lui vaut par ailleurs d’être qualifié de véritable « diamant de la Belgique » . À ce titre, elle fait l’objet d’une importante campagne de restauration entre 1845 et 1879 au cours de laquelle se succèdent deux architectes, Jean-Charles Delsaux (1845-1858) et Eugène Halkin (1858-1879) .
Si l’histoire générale de cette restauration est aujourd’hui solidement balisée par une récente thèse dédiée au bâti médiéval , force est de constater qu’aucune étude approfondie n’a pour l’heure été consacrée aux aspects logistiques, matériels, techniques, économiques ou humains de ces opérations. Pourtant, la documentation liée à cet épisode significatif de la vie de l’église est loin de faire défaut. En effet, la Fabrique d’église conserve un fonds d’archive exceptionnel comprenant, il faut le souligner, la quasi-totalité de la comptabilité détaillée des interventions effectuées sur le bâtiment entre 1830 et 1914. Quittances et factures des matériaux livrés et des prestations effectuées, états reprenant les noms, salaires et horaires des ouvriers, correspondance technique et administrative ou documents iconographiques demeurent ainsi des sources particulièrement éclairantes pour cerner avec précision le déroulement d’un grand chantier de restauration en Belgique au XIXe siècle. Pour autant, cette masse critique d’archives impose un choix au chercheur, tant la collecte des données, leur gestion et leur interprétation se révèle chronophage et, au demeurant, passablement complexe à exposer dans une courte publication sans perdre en substance. Aussi, le présent article se focalise-t-il sur une thématique précise, d’ordinaire peu abordée dans la littérature faute de document probant : le fonctionnement de l’atelier des tailleurs de pierres, depuis l’ouverture du chantier en mai 1845 jusqu’à l’achèvement du portail septentrional en 1859.