Abstract :
[fr] La confrontation des sources matérielles, de plus en plus nombreuses grâce aux apports des archéo- et paléosciences, et des sources écrites invite à une révision des jalons chronologiques du processus d’évangélisation et de christianisation dans le bassin de la Meuse moyenne entre le IVe et le VIe s.
De récents travaux consacrés aux origines du christianisme, au croisement de l’histoire, de l’archéologie et de la philologie, ont permis la définition précise des notions d’évangélisation, à savoir la transmission et réception du message, et de christianisation, qui s’entame par la conversion, c’est-à-dire le détournement des anciennes pratiques en faveur de la nouvelle religion, et se poursuit par l’ancrage du message chrétien dans la société qui se mesure dans un premier temps à l’aune des pratiques liées tant au culte (fondation d’une église, formation d’un clergé local, etc.) qu’aux mœurs (encadrement de la vie du chrétien) et finalement dans l’appréciation subjective des résultats de la christianisation.
Quant à la diffusion du christianisme dans la région de la Meuse moyenne et de ses affluents, il ressort que plus une localité était peuplée et en contact avec d’autres localités, plus la possibilité d’y retrouver une présence chrétienne était grande. Le message chrétien se serait d’abord introduit sur les deux sites marqués par une urbanisation intense et un intérêt épiscopal : Tongres (première moitié du IVe s.), puis Maastricht (seconde moitié du IVe s.). Dès le Ve s., période souvent décrite, à tort, comme un siècle noir pour le christianisme en raison des « invasions germaniques », cette nouvelle religion aurait ensuite gagné les vici fluviaux. Dès le VIe s., ces derniers devinrent, grâce au soutien croissant de l’aristocratie, des foyers chrétiens, dont certains étaient soumis à l’influence des évêques mosans. C’est alors que la dichotomie entre cité épiscopale, seul chœur du christianisme dans le diocèse, et campagnes à convertir commença à s’estomper. Des communautés cléricales y émergèrent en lien avec le développement du culte de saints locaux tels Domitien à Huy, Perpète à Dinant et Chrodoara à Amay.