Abstract :
[fr] Internet procure à nos jeunes de nouveaux terrains d’expérimentation autour de la définition de soi et de la découverte du rapport à l’autre, à l’âge où les questions identitaires, l’investissement des relations amoureuses et de la sexualité et l’affiliation aux pairs sont des enjeux développementaux majeurs (Subrahmanyam, Smahel, & Greenfield, 2006 ; Weinstein & Rosen, 1991). Ils peuvent s’essayer à différentes représentations de soi, plus ou moins conformes aux attentes genrées traditionnelles (Doring, Reif, & Poeschl, 2016). Mais l’espace virtuel n’est pas neutre en termes de genre (Balleys, 2018). Au travers des média, des images de corps parfaits, sans défaut, sont présentées à nos jeunes comme des standards auxquels ils devraient correspondre, alors que l’image de soi est encore fragile et en construction. Plus encore, les nouvelles technologies offrent de nouvelles opportunités d’exposition aux violences sexuelles, sexistes et genrées. Le slut shaming, soit l’acte de critiquer ou d’insulter une personne en raison de sa tenue, de son maquillage ou de son comportement sexuel, réel ou supposé (Armstrong, Hamilton, Armstrong & Seeley, 2014 ; Gong & Hoffman, 2011), fait partie de cette réalité. La présente étude, menée auprès de jeunes âgés de 15 à 23 ans (N=810 dont 55,1% filles, μ=17ans et un mois), ouvre une fenêtre sur les violences et discriminations sexistes dans l’espace virtuel. 13,7% des jeunes ont déjà été victimes de discrimination sexiste en lien avec les nouvelles technologies. Nos résultats apportent des indices de la reproduction des dynamiques et de l’expression du genre dans l’espace virtuel et permettront de situer cette problématique dans la culture adolescente contemporaine, en lien avec les attitudes de nos jeunes envers les relations hommes-femmes, les stéréotypes et rôles de genre traditionnels et leurs masculinités/féminités en construction.