Keywords :
conservation forêt,; exploitation minière,; évaluation environnementale,; gouvernance mines.
Abstract :
[fr] L'exploitation minière est pratiquée au Cameroun depuis la période coloniale allemande. Le secteur minier artisanalavant l'indépendance a contribué à 11-20% du PIB. Les riches potentialités du sous-sol camerounais attirent beaucoup d’investisseurs étrangers avec plus de 600 permis de recherche et d'exploitation minière déjà accordés au cours de la dernière décennie. Pourtant les forêts camerounaises ont aussi une longue histoire depuis la période coloniale jusqu’à nos jours. Cette histoire s’est conclue par l'adoption d'une nouvelle loi forestière qui a consacré les concepts de gestion durable des forêts via des plans d'aménagement forestier et des forêts communales pour toutes les forêts productives ; sans oublier la création desforêts communautaires du domaine forestier non permanent. Or, les activités minières menées dans les milieux forestiers sont régies par deux cadres juridiques différents, notamment la loi n ° 001 du 16 Avril 2001 révisée en 2010 et portant code minier et la loi n ° 94-01 du 20 Janvier 1994 réglementant les forêts, la faune et la pêche. Dès lors, en l’absence d’études approfondies entre ces lois, d'obligation et application de l'évaluation environnementale pour les petites mines, il existe des conflits d'intérêts, des droits et des obligations qui se chevauchent, nécessitant des besoins de recherche et la prise de décisions appropriées. Un exemple du manque de compatibilité entre les lois forestières et minières est que les permis miniers ont été délivrés pour les sections d'aires protégées nationaux et pour les concessions forestières.Une analyse croisée du plan de zonage forêt-environnement et de la carte minière laisse entrevoir cette situation.L’exclusivité des permis ou des autorisations minières, le caractère même de cette exploitation, les saisons de sécurité et de sécurisation foncière ajoutés aux différentes imprécisions et chevauchements fonciers, conduisent les mineurs artisanaux et les entreprises minières à raser la forêt dans et autour des camps miniers. Ce qui contribue à réduire considérablement les surfaces couvertes par la forêt. En outre, l'ouverture des mines artisanales d'or ouvre la voie à l'exploitation forestière à petite échelle. Les impacts de l'exploitation minière,couplés avec ceux de l'exploitation forestière constituent une grave menace pour la forêt.L’objectif de cette recherche dans le Lom et Djérem est d’étudier en dehors de la multiplication des permis et des acteurs, l’impact de l’extension de l’exploitation minière sur la dégradation du couvert forestier. Il s’est agi pour nous d’évaluer également cette dynamique tout en ressortant la superposition des différentes formes d’occupation du sol (permis miniers, des UFA et les aires protégées du domaine forestier permanent) et d’en ressortir les conflits d’utilisation des terres y afférents qui seront aggravés par la mise en eau du barrage de Lom Pangar.En utilisant les outils géospatiaux doublés des enquêtes de terrain, nous sommes arrivés à la conclusion selon laquelle, au rythme où les permis et les autorisations sont délivrés dans cette zone forestière au Cameroun, on est en droit de se demander si on trouvera encore une parcelle de forêt d’ici 50 ans. En effet, à côté des activités agropastorales, le braconnage, l’exploitation forestière, l’exploitation minière impactent également sur la dégradation des écosystèmes forestiers, la déforestation, la pollution des cours d’eau et hypothèquent certainement les efforts de protection des forêts à haute valeur de conservation de la biodiversité.