Abstract :
[fr] L’analyse outillée permet d’apporter un nouvelle lumière sur la question du genre littéraire. La stylistique ayant été souvent « comparatiste », la question se pose de comment doit être choisit, implicitement ou explicitement, le corpus par rapport auquel comparer une certaine œuvre. La question est d’autant plus importante vis à vis d’œuvres que difficilement on peut classer précisément dans un genre littéraire, ce qui est le cas de l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien, sur la quelle porte la présentation que je vous propose.
Encyclopédie du monde ancien, de laquelle Pline même souligne la nouveauté par rapport à la production grecque et latine, l’Histoire Naturelle a été objet d’études linguistiques et stylistiques généreuses en critiques envers les modalités expressives de Pline. En comparaison avec les œuvres proprement littéraires, les anomalies et irrégularités de la langue Plinienne ont été classifiées dans le détail par les savants du XIX-XX siècle. Des études plus récentes ont recentré l’attention sur l’aspect technique du travail de Pline, tout en mettant en avant l’importante influence de la dimension rhétorique et, par moments, philosophique de l’œuvre. La stylistique outillée permet donc d’apporter des nouveaux éléments à cette question.
Dans cet exposé je vise donc à comparer trois textes, en utilisant les outils fournit par le L.A.S.L.A (Laboratoire d’analyse statistique des langues anciennes) : le deuxième livre de la l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien, le septième livre des Questions Naturelles de Sénèque et le neuvième livre du De Architectura de Vitruve. Il s’agit de trois textes proches chronologiquement et traitant des mêmes sujets. Pouvons-nous nous attendre des caractéristiques linguistiques communes ? A-t-il sens de parler de langue scientifique et/ou technique ?
L’analyse se déroulera en deux parties : en premier lieu la tentative de situer les trois textes à l’intérieur d’un plus ample corpus de textes latins, issus de différentes époques et typologies, via l’analyse de la distribution d’éléments syntaxiques (les parties du discours) et lexicaux (le choix d’adverbes, conjonctions et prépositions). Les textes étant lemmatisés et analysés morpho-syntaxiquement, la construction d’AFC et arbres se fait rapidement grâce au logiciel HyperbaseWeb. Les résultats montrent une grande distance entre les trois textes, ce qui remets en question l’attribution de ces textes à une certaine catégorie. Dans la deuxième partie la recherche sera focalisée sur les trois textes et sur la modalité de construction de la phrase. L’emploi des modes verbaux montre des spécificités assez fortes (subjonctif et indicatif pour Sénèque, Participe pour Pline, Gérondif pour Vitruve), qui indiquent des façon de structurer la phrase très différentes. La question sera donc précisé via l’analyse des spécificités des types de subordonnées, et via l’analyse des des verbes les plus fréquents. Le retour au texte permettra ensuite d’ancrer les résultats dans les œuvres discutées.
En conclusion cette proposition vise à montrer, via un exemple précis, comme la stylistique de corpus peut remettre en question des procédés de l’analyse stylistique traditionnelle, car le choix du corpus de comparaison est un élément à la fois fondamental et difficile à établir pour que les résultats ne soient pas biaisés par des préconcepts sur les œuvre analysées.
