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Abstract :
[fr] A l’aube des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont l’atteinte semble malheureusement compromise, le Burkina Faso rend compte d’un certain engouement pour le financement basé sur les résultats (FBR), plébiscité comme pouvant contribuer à l’amélioration de la performance des systèmes de santé et ainsi, redresser dans un dernier élan les statistiques sanitaires du pays avant 2015. Le Burkina Faso lance dès lors aujourd’hui l’élargissement de sa phase-test du FBR en une phase pilote.
Notre modeste ambition dans le cadre de ce travail était de rendre compte de la planification de la politique de FBR au Burkina Faso afin de mieux en comprendre les composantes et les effets attendus. Afin de dresser cet état des lieux, nous avons procédé à une analyse documentaire, à des entretiens et nous sommes pliés à l’observation participante ; ce qui nous a permis de décrire les logiques d’intervention initiale (2011) et planifiée (2014) de l’intervention FBR. Nous avons ensuite comparé ces deux logiques et avons ensuite dressé la liste planifiée des activités. Puis, nous avons porté une appréciation sur la pertinence du modèle FBR planifié.
Il ressort de notre étude que la logique de l’intervention FBR telle qu’elle est actuellement planifiée (2014) diffère de celle qui était initialement prévue (2011). On note, entre autres, des changements terminologiques, une augmentation du nombre de districts sanitaires (DS) considérés par l’intervention, une idée de randomisation de ces DS selon une logique d’essai contrôlé randomisé (ECR), une modification de la logique de paiement FBR aujourd’hui limité aux districts de traitement, l’apparition d’une préoccupation d’équité accompagnée d’un seuil de 10% d’indigents exemptés pour les soins de santé (malgré une sélection plafonnée à 20%), une complexification des processus de vérification de la performance et de paiement des primes de performance entrainant une importante charge de travail et des risques de mauvaises mesure de performance, et un manque d’intégration de l’intervention FBR dans le paysage sanitaire burkinabè. Si les conditionnalités de la Banque Mondiale, les questions budgétaires et le contact du terrain permettent d’expliquer certain de ces changements, il n’en est pas de même pour le reste des modifications qui ne trouvent, à ce jour, pas d’explication.
Plus fondamentalement, le modèle du FBR burkinabè souffre dans son design actuel de nombreuses apories : iniquité inter- et intra-formations sanitaires, rationnement déséquilibré des indigents (20% d’indigents sélectionnés pour, au maximum, 10% d’indigents exemptés pour les soins de santé), consommation de temps et d’énergie importante et manque de cohérence de la politique au regard des réformes sanitaires précédentes. Autant d’éléments sur lesquels les décideurs doivent aujourd’hui se pencher en vue de la mise en œuvre de la phase pilote de l’intervention au Burkina Faso sinon quoi, le FBR pourrait bien ne pas répondre aux espérances qu’on lui assigne et voir sa viabilité institutionnelle mise en péril.