[fr] Mon objectif est de soumettre le concept de « pathologies de la liberté » à triple épreuve. 1/ à travers le célèbre conflit historique de la psychiatrie française opposant Henri Ey à Jacques Lacan sur la présence de la liberté au sein de la maladie mentale ; 2/ à travers l’opposition que nous identifierons entre les méthodes prônées par Binswanger et par Minkowski pour réaliser une compréhension psychopathologique de l’individu ; 3/ à travers la clinique, le cas Germain, patient psychotique dont nous reprendrons l’histoire qui le verra s’opposer au monde entier.
Je donnerai différents arguments en analysant ces débats (historiques, méthodologiques et cliniques) afin de proposer une lecture singulière des pathologies de la liberté et de voir comment cette lecture s’inscrit dans le champ psychopathologique. L’objectif de ma contribution sera de rencontrer le vécu en première personne du sujet psychotique qui se retrouve mal dans la qualification de son existence comme étant privée de liberté. Comme le titre de cette étude l’annonce, la thèse que je défends est de considérer que l’interrogation des pathologies de la liberté conduit également à interroger son corollaire, la dimension inéluctablement libre inhérente aux personnes affectées de psychopathologies. Ce décalage, que nous permettra d’entrevoir Lacan, nous mènera à interroger la dimension adaptative de l’expérience psychopathologique et, dans la continuité de Canguilhem, à considérer la pathologie comme la création de normes inédites (généralement inaccessibles à autrui).