Abstract :
[fr] Les inondations sont devenues un enjeu de gouvernance dans de nombreux pays en développement car elles affectent tout particulièrement les grandes aires urbaines du continent. À l’heure de l’augmentation des discours sur le changement climatique, la communication cherche à mieux contextualiser l’étude des inondations sur le continent africain, où le risque est confronté à des spécificités importantes : saisonnalité des pluies, forts cumuls horaires, dynamiques démographiques ou politiques publiques liées aux grands enjeux du développement.
Dans un premier temps, dans une approche critique des représentations du risque, une analyse de la répartition spatio-temporelle des inondations est menée à l’échelle continentale à partir de deux sources différentes : la base de données d’événements du ré-assureur Munich Re (NatCatService) et les articles extraits de la base Europress sur la presse francophone. Ensuite, des cas particuliers d’événements remarquables sélectionnées du fait de leurs impacts négatifs, de la région (Algérie, Afrique de l’Ouest, Océan Indien et zones urbaines) et de la documentation disponible, sont étudiés afin de dégager les facteurs récurrents d’aggravation du risque d’inondation qu’ils soient physiques (hydrologiques, géomorphologiques) ou humains (gestion de l’eau, occupation du sol).
La communication montre ainsi une augmentation très marquée des inondations en Afrique à partir des années 2000. Si elle est effectivement liée à une amplification des extrêmes pluviométriques en Afrique, ce constat doit être relativisé par la focalisation plus forte des pouvoirs publics, puis de la presse, sur les catastrophes naturelles et par l’importance des dynamiques démographiques et urbaines sur le continent africain, comme le décrivent plusieurs exemples urbains comme Dakar ou Douala. Le risque d’inondation n’est donc pas uniquement un phénomène physique, mais s’inscrit dans une combinaison de facteurs où les représentations et les discours jouent des rôles majeurs. Le rôle du géographe « physicien » est d’autant plus important qu’il se doit donc de considérer ses travaux dans une approche critique des études des risques et de la gestion environnementale.