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Abstract :
[fr] L’ethnopharmacologie, à l’origine de nombreux médicaments : recherches dans le domaine des antipaludiques
Michel Frédérich, Professeur, Université de Liège
L’ethnopharmacologie peut être définie comme « l’étude scientifique interdisciplinaire des matières d’origine végétale, animale ou minérale, et des savoirs et pratiques s’y rattachant, que les sociétés mettent en œuvre à des fins thérapeutiques, curatives, préventives ou diagnostiques » (1). De nombreux médicaments indispensables aujourd’hui sont issus de ces connaissances traditionnelles : on peut citer par exemple l’universelle Aspirine®, provenant du saule, la quinine, médicament du paludisme, issu du quinquina Sud-Américain, ou encore l’artémisinine, dont la découverte a été récompensée du prix Nobel de Médecine en 2015. Aujourd’hui encore, selon l’OMS, 80% de la population mondiale a recourt, en première intention, aux plantes médicinales pour se soigner. Néanmoins, ces connaissances traditionnelles sont aujourd’hui menacées, que ce soit pour des raisons d’appauvrissement de la biodiversité, ou de déstructuration des sociétés et des connaissances traditionnelles.
Le paludisme, provoqué par un parasite Apicomplexa du genre Plasmodium, transmis par des moustiques du genre Anopheles, a été responsable en 2016 de 445 000 décès dans le monde (2). La résistance des parasites aux médicaments disponibles et abordables est devenue un problème répandu dans les pays d’endémie, rendant encore plus nécessaire la recherche de nouveaux composés antipaludiques. Des résistances à l’artémisinine, médicament de référence, sont ainsi apparues dans différents pays asiatiques depuis quelques années (3).
Selon Newmann et Cragg (4), plus de 60% des médicaments antiparasitaires découverts entre 1981 et 2014 sont des produits naturels (12,5%), des dérivés de produits naturels (31,3%) ou des médicaments synthétiques inspirés d’un pharmacophore naturel (18,8%). Plus particulièrement, les plantes constituent un réservoir potentiel de nouveaux médicaments antipaludiques (5, 6). La seconde partie de l’exposé décrira quelques travaux de recherche au sein du laboratoire de Pharmacognosie de l’Université de Liège, portant sur des plantes traditionnellement utilisées contre le paludisme (7).
(1) Fleurentin, J. Traditions thérapeutiques et médecine de demain. 2011. Editions Ouest-France.
(2) OMS, Rapport sur le paludisme dans le monde; 2017; p 280.
(3) OMS. Status report on artemisinin and ACT resistance (April 2017); 2017, 11 pages.
(4) Newman, D.J .; Cragg, G.M. J. Nat. Prod. 2016, 79, (3), 629-61.
(5) Frédérich M., Tits M., Angenot L. , Trans. R. Soc. Trop. Med. Hyg. 2008, 102, 11-19.
(6) Bero, J .; Frédérich, M.; Quetin-Leclercq, J. Pharm. Pharmacol.2009, 61, (11), 1401-1433.
(7) Ledoux, A., St Gelais, A., (…), Frédérich, M. J. Nat. Prod. 2017, 80, 1750-1757.