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Abstract :
[fr] Personnalité aussi fascinante que méconnue, à la fois peintre, graveur et dessinateur, Jan Swart van Groningen (ca. 1495-ca. 1563) déploya, dans les anciens Pays-Bas, une formidable activité de concepteur d’images et de modèles figurés passibles d’usages multiples. Ce contemporain de Pieter Bruegel l’Ancien se signale notamment par l’habileté dont il fit preuve pour s’approprier des compositions et motifs éprouvés, puisant à des sources aussi diverses que les œuvres des Primitifs flamands, celles de graveurs italiens ou de Dürer, qu’il réinterpréta pour créer des formules iconographiques à la fois innovantes et visuellement marquantes. À leur tour, celles-ci inspirèrent d’autres artistes, actifs dans des disciplines diverses, qui les reformulèrent eux aussi, afin de les adapter à de nouvelles exigences esthétiques, fonctionnelles ou iconographiques ; nombre des modèles conçus par Jan Swart connurent une faveur particulière dans le milieu des peintres-verriers où ils furent notamment exploités pour la production de « rondels ». Ainsi, l’artiste hollandais s’insérait au cœur d’un vaste réseau d’échanges et de circulations des images, qui transcendait les genres artistiques.
Envisagée à l’aune du concept d’intericonicité, l’œuvre du maître hollandais dévoile une dimension hautement interactive de la création artistique de la Renaissance, essentiellement fondée sur l’imitation et la réinterprétation formelle. Un dessin sur l'histoire de Tobie (Londres, British Museum) servira à illustrer notre propos.