Abstract :
[fr] Précédant la science-fiction, dont l’émergence est identifiée aux premières collections éditoriales spécialisées apparues dans les années 1950, la littérature d’anticipation francophone est rarement considérée pour elle-même au-delà des figures de Jules Verne, Rosny aîné et Maurice Renard. Les œuvres d’anticipation sont trop souvent appréhendées hors du contexte qui leur donne sens : supports de publication, désignations génériques, horizons d’attente, influences idéologiques et sociales, sociabilités des auteurs, culture visuelle, etc. Omettre ces données fondamentales conduit, pour les écrivains reconnus, à analyser a posteriori leur importance dans la constitution de ce point d’aboutissement que serait la science-fiction et, pour les autres, à minimiser leur production en l’alignant sur des pratiques génériques et esthétiques plus visibles ou valorisées. A rebours de ces approches, c’est la réalité sociale et médiatique des genres que nous avons voulu explorer, afin d’essayer de comprendre les raisons du développement d’un imaginaire de l’anticipation, mais aussi de formes proches, comme le merveilleux scientifique, le conte futur, les aventures fantastiques, etc. Il convient, pour étudier ces corpus, d’interroger les conditions historiques et matérielles de développement de l’anticipation comme autant d’incidences du contexte de production sur la forme des textes et leur signification. Ces données sont susceptibles d’éclairer par la continuité et la récurrence, plutôt que par l’exception problématique, une littérature largement tributaire des discours de son temps.