Accueillir la paix, souffrir la guerre, célébrer Rome. La réception des paix de Westphalie par les nonciatures apostoliques de Vienne, Paris, Madrid et Bruxelles (1647-1650)

Les protestations opposées systématiquement par le nonce Fabio Chigi aux traités de paix négociés lors du congrès de Wesphalie (1643-1649) ont longtemps été interprétées comme le reflet d’une papauté aux abois à l’heure où l’idéal de Chrétienté laisserait définitivement place à l’Europe des États. Cet article cherche à sortir de cette lecture univoque du phénomène. À travers l’étude de la correspondance des nonces en poste à Madrid, Paris, Bruxelles et Vienne, sont analysées les réceptions des paix de Westphalie qui contrastent avec la politique de la protestation menée par Chigi à Münster. Il en résulte que les nonciatures élaborent des discours multiples sur la paix, inscrits dans des contextes éclatés où les paix d’Allemagne ne constituent qu’une partie d’une actualité dominée par la continuation des conflits. Ces discours ont comme principale caractéristique d’être soumis à l’action localisée de chaque nonce. En étant avant tout attentives aux écarts, cette étude propose ainsi une compréhension européenne et interconnectée de la diplomatie pontificale au temps du congrès de Westphalie. Elle vise à mieux cerner comment les nonces apostoliques participent à la redéfinition de l’identité diplomatique du Saint-Siège à travers les usages variés qu’ils font de la notion de paix.