[fr] Comme tous les pays dont le plurilinguisme officiel est défini par la Loi fondamentale, le Cameroun s’est donné le devoir constitutionnel de traduire tous les textes administratifs importants en français et en anglais, les deux langues héritées de la colonisation et qui font de lui l’un des rares pays institutionnellement bilingues dans le monde. C’est fort de cette volonté politique que la chanson « Ô Cameroun berceau de nos ancêtres », composée par des élèves de l’école normale d’instituteurs de Fulassi en 1928, a été adoptée comme hymne national en 1957, puis traduite en anglais et adoptée le 12 juillet 1978. Dès le dépôt du projet de loi sur l’adoption de la traduction, des objections sur la différence entre deux versions ont commencé à se faire entendre dès l’Assemblée nationale. Aujourd’hui encore, il est loin d’être clos, puisque qu’il continue d’alimenter des réflexions contradictoires au sein des communautés politiques et universitaires. La présente communication n’a pas pour objectif de clore ce débat, mais de le recentrer du point de vue traductologique, avec pour objet la marge de manœuvre du traducteur face à un texte à connotation politique. En d’autres termes, il sera question de déterminer, à partir des deux versions de l’hymne et de la littérature sur le sujet, si le traducteur est influencé par l’idéologie politique de l’époque, ou si son texte a subi une ‘censure’ politique au niveau institutionnel. Il sera également question d’examiner les implications qu’une telle traduction a sur le public cible, notamment les Camerounais d’expression anglaise, dans un contexte où les thèses d’hégémonie du français sur l’anglais au Cameroun sont de plus en plus soutenues.
Research Center/Unit :
CIRTI - Centre Interdisciplinaire de Recherches en Traduction et en Interprétation - ULiège
Disciplines :
Arts & humanities: Multidisciplinary, general & others