Du mécénat musical lorrain en terre d’Empire

Un cas d'étude : René del Mel ou l'exemple d'une fidélité aux membres de la famille Lorraine-Bavière.
René Del Mel (ca. 1554-ca. 1598) voit le jour à Malines, dans un milieu proche de la famille ducale de Lorraine. Son parcours incarne sans nul doute à la fin du XVIe siècle l’un des derniers exemples de la transhumance européenne des franco-flamands. Le compositeur entre successivement au service de la cour de Portugal et d’une série de centres dans la périphérie de Rome et à Venise. Il devient ensuite le maître de chapelle d’Ernest de Bavière à Liège, effectue un séjour de deux ans dans les Pays-Bas méridionaux puis revient en Italie.
René del Mel ne transgresse pas à la coutume de se placer sous les faveurs d’un haut personnage. Les textes dédicatoires de ses recueils conservés révèlent la mise à profit par le compositeur de l’espace de liberté qui subsiste à l’intérieur d’un tel cadre apologétique. De 1588 à 1596, par d’incessants dons de recueils, en dépit de nominations à d’éventuels postes ou d’octroi de gratification quelconque, del Mel entretient un lien privilégié avec la Maison de Lorraine et, par mariage, avec celle de Bavière. Les moyens qu’il met en œuvre tendent à un perpétuel affermissement de ce lien ancien et rendent manifeste sa volonté de conserver une allégeance à la cour de Lorraine. Par extension, ils jettent un précieux éclairage sur les liens à tisser entre les deux Maisons.