Dorsale catholique et débats genrés sur la clôture : une multiplicité de discours et d’attitudes (XVIIe-XVIIIe s.)

Le débat sur la clôture des religieuses bat son plein au lendemain du concile de Trente, suscitant pour longtemps autant d’engouements passionnés que de vives oppositions. Tandis que les théoriciens masculins tentent d’imposer leurs points de vue et les supérieurs de composer peu ou prou avec les communautés féminines soumises à leur juridiction, les destinataires disposent des règlements selon les circonstances et leur état d’esprit, et leur entourage réagit diversement selon ses sensibilités ou ses a priori. Chacun-e tente de faire valoir sa propre conception d’un article de discipline auquel certaines communautés sont très attachées tandis que d’autres en contestent le bien-fondé.
Dans les couvents féminins implantés sur la Dorsale catholique, les arguments – pro et contra – diffèrent autant que les interprétations et les comportements. On se retrouve alors plongé en pleine « Querelle des femmes » qui oppose alors le clan des misogynes au parti des philogynes. Cet espace constitue donc un très intéressant terrain d’observation pour analyser sous l’angle du genre les rapports hommes-femmes au sein d’une Église engagée dans un processus de réforme et, plus précisément, la manière dont on envisage la place des femmes dans le cloître et/ou dans le monde. On examinera ici quelques cas de figure relatifs à des communautés de cisterciennes, de bénédictines, d’annonciades célestes, de sépulcrines et de visitandines, de la principauté de Liège au duché de Savoie.