No document available.
Abstract :
[fr] La question de l’écriture est au coeur de nos préoccupations de praticiens des sciences humaines. Le plus singulier de cette question est que ce coeur vivant de nos pratiques de pensée est laissé à l’extrême périphérie de nos apprentissages et de nos méthodologies: pour ma part, je n’ai reçu, au cours de mes études, il est vrai déjà bien lointaines, aucune formation ni aucune sensibilisation à cette question. Les choses aujourd’hui, je crois, n’ont guère changé, si ce n’est, ici ou là, quelques modules de formation sur “l’écriture scientifique” mais qui ont, généralement, me semble-t-il, plus pour objectif l’apprentissage de ce que j’appelerais une méthode de désécriture qu’un véritable questionnement sur les relations que l’écriture entretient avec le travail de pensée et d’élaboration conceptuelle. Il s’agit, généralement, d’apprendre à “purifier” notre langue de toute velléité qui serait, comme on dit, “littéraire” et que nos textes correspondent aux canons formels et génériques d’exposition en lesquels se reconnaît une écriture qui serait véritablement scientifique. Toute recherche “stylistique”, dans ce contexte, sera jugée inutile, voire dommageable à la clareté et à la rigueur de l’exposé, manière de céder à une forme d’esthétisme totalement étranger aux visées de vérité que poursuit la science. Pire encore, du point de vue moral, elle sera considérée comme l’indice d’une forme honteuse de narcissisme, aux antipodes de l’idéal plus ou moins sacrificiel de vérité en lequel la science, communément, se reconnaît