Le moment d’apparition de la fatigue mentale varie-t-il en fonction de l’âge ? Détermination du Time-on-Task effect chez des jeunes, des middle-age, et des âgés.

Introduction.
La fatigue mentale peut survenir chez des personnes jeunes après un certain temps de tâche (Time-on-Task effect). Wang et al. (2016) ont mis en évidence une augmentation des temps de réaction de jeunes personnes entre les 40 premières et les 40 dernières minutes d’une tâche Stroop de 160min. Notre étude a pour but de répliquer les résultats de Wang et al. (2016) et de tester pour la première fois le Time-on-Task effect chez des middle-age et des âgés.
Méthode.
Vingt-et-un jeunes (MÂge=21,29), 16 middle-age (MÂge = 49,94), et 17 âgés (MÂge = 65,06) ont réalisé une tâche Stroop durant 160min. Celle-ci comprenait des items facilitateurs (FA), interférents (I), et neutres (NE), ces derniers apparaissant systématiquement un item sur deux. Les 160min. ont été divisées en huit blocs de 20min. avec élimination du Bloc 0 (Bloc d’habituation). Des ANOVAs 3(Groupe : Jeune, Middle-age, Âgé) X 7(Bloc : 1,…,7) à mesures répétées ont été réalisées sur les moyennes et les coefficients de variation (CV) des temps de réaction (TR) des trois types d’items.
Résultats.
Moyenne. Les jeunes montrent une augmentation de leur TR entre le 1er et le 5ème Bloc (p=,03) sur les items NE alors que cette augmentation survient lors du Bloc 4 pour les middle-age (p=,006) et les âgés (p=,04). CV. Les jeunes montrent une augmentation de leur CV entre le Bloc 1 et le bloc 7 (p=,002) sur les items NE alors que celle-ci survient lors du Bloc 6 pour les middle-age (p=,02). En revanche, le CV des âgés ne varie pas en fonction des blocs.
Discussion.
La fatigue mentale mesurée grâce au Time-on-Task dans le vieillissement semble se manifester par un ralentissement général du traitement de l’information à mesure de l’avancée sur la tâche : les middle-age et les âgés étant plus précocement fatigués que les sujets jeunes. En revanche, alors que les jeunes et les middle-age semblent affectés au niveau de leur CV, le vieillissement plus avancé semble préserver la variabilité intra-individuelle du Time-on-Task.
De façon intéressante, alors que les items FA et I semblent moins sensibles à la fatigue mentale, les trois groupes ont montré un ralentissement significatif de leur vitesse sur les items NE à mesure du Time-on-Task. Etant donné la prévisibilité des NE dans notre paradigme, nous faisons l’hypothèse que la fatigue mentale survient plus facilement lorsque l’individu peut systématiquement anticiper l’information à traiter, le menant à un désengagement de la tâche.