Abstract :
[fr] Depuis le début du XXIe siècle, la démocratisation d’Internet et de ses relais (téléphones intelligents, tablettes, ordinateurs portables) a rebattu les cartes du paysage médiatique, augmentant le nombre de producteurs et de récepteurs d’informations. Les images et vidéos ont ainsi acquis un spectre d’action élargi, bien que fortement concurrencé. Les terroristes l’ont bien compris qui, pour se faire entendre et propager leur message, adoptent des codes visuels et scénaristiques aussi violents que spectaculaires.
Dans ce contexte, un certain nombre de romans s’attèlent à mettre en lumière les relations entre le terrorisme et les médias, entre la violence des attentats et le monde – financier, culturel, médiatique – qu’ils prétendent abattre. Notre contribution s’attache à décrire cette dénonciation du capitalisme en établissant sa dette envers le concept debordien de « spectacle » : le capitalisme déréalise les expériences et récupère la critique, de sorte que même dans l’extériorité qu’elle tente de se ménager, la contestation terroriste hérite de ses logiques et modes de fonctionnement. Les krachs et les bombes semblent donc brûler du même feu, prétexte à détourner le dernier film de Debord (In girum imus nocte et consumimur igni, 1978) dans notre titre. En déplaçant certaines des thèses de Guy Debord sur le terrain de la fiction, il semble que le roman contemporain se les réapproprie, rendant toute son actualité à la pensée du situationniste.
[en] Since the beginning of the 21st century, the democratisation of the Internet and its relays (smart phones, tablets, laptops) has reshuffled the media landscape, increasing the information producers and receptors number. The images and videos have thus acquired an enlarged action spectrum, which even though is highly competed with. The terrorists have understood it quite well, who, to make themselves heard and spread their message, adopted visual and storyline codes which are as violent as they are spectacular.
In this context, a certain number of novels get down to enlighten the relations between terrorism and media, between the attacks’ violence and the – financial, cultural, media – world that they pretend to knock down. Our contribution endeavours to describe this denunciation of the capitalism by establishing its debt over the Debord concept of “spectacle”: the capitalism makes the experiences unreal and salvages the criticism for itself so that even in the exteriority that it tries to create, the terrorist contestation inherits its logics and functioning modes. The stock market crashes and the bombs so seem to burn from the same fire, pretext to twist Debord’s last movie (In girum imus nocte et consumimur igni, 1978) in our title. By shifting some of Debord’s thesis on the fiction terrain, it seems that the contemporary novel is reclaiming them, giving all its actuality to the situationist’s thinking.