Transparence; Vie Privée; Science and Technology Studies
Abstract :
[fr] Suite à l'avènement des nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, la
distinction public-privé a subi d'importantes reconfigurations. Bien que la population ait exprimé
des inquiétudes quant à l'érosion de la vie privée, comme dans le cas du Patriot Act ou de
Wikileaks, les individus partagent également délibérément beaucoup d'informations personnelles en
ligne. Cela a conduit certains penseurs à proposer qu'une « transparence réciproque », qui
entraînerait un accès presque illimité à toute sorte d'information pour chaque citoyen, pourrait être
une alternative aux lois sur la protection de la vie privée, qui sont fortement entravées par
l'omniprésence des nouvelles technologies de surveillance. En adoptant l'approche et les théories
des Science and Technology Studies (STS), cette étude vise à analyser les trois principes
fondamentaux qui sous-tendent l'argumentation en faveur d'une transparence globale. Ce faisant,
nous démontrons que les discours préconisant de telles transformations s'appuient (1) sur la
croyance que la technologie détermine le changement social, (2) sur une vision négative de la vie
privée et enfin (3) sur une conception utopique de la transparence. Ces observations conduisent à la
conclusion que la transparence réciproque n'est pas tant une solution aux défis soulevés par les
technologies numériques qu'une vision idéologique de la société. Cette réflexion prend tout son sens
dans les débats en cours sur les dispositifs à mettre en œuvre aujourd’hui dans le cadre de la
traduction du nouveau règlement européen relatif à la protection des données personnelles.
Disciplines :
Political science, public administration & international relations