Abstract :
[fr] Circonscrire une problématique implique de dégager plusieurs hypothèses de travail. La Première Guerre mondiale représente le pivot autour duquel ces hypothèses s’articuleront et seront mises à l’épreuve. Celle-ci étant destinée à les « mettre à l’épreuve ». À l’issue de ce travail, nous espérons que la confrontation de ces hypothèses à l’analyse historique permettra la décantation de conclusions générales dont émanera une thèse définie. La Guerre de 1914-1918, par son caractère global, ses « innovations » technologiques, son degré de violence, marque une étape significative de l’histoire contemporaine. La Belgique, premier pays du front Ouest à être envahi, se situe aux premières loges de cette nouvelle phase historique. Territoire dont la neutralité « perpétuelle, permanente et garantie » est violée, en transgression du droit international public, ce point d’ancrage semble propice à l’étude d’un milieu ayant peu attiré l’attention des historiens : les juristes belges de droit international. Nous estimons que cette étude est à même de mieux nous informer sur les caractéristiques de ce milieu professionnel en soi, concerné au premier chef par l’acte inaugural de la guerre, sur ses pratiques, ses codes, ses réseaux internationaux, la positionnalité des juristes, mais aussi, en négatif, de nous renseigner sur un aspect méconnu de l’image de la Belgique et de sa position dans la hiérarchie internationale, à savoir sa contribution au droit international. L’évolution de ce milieu et de ce qu’il représente, à l’aune de la Guerre de 1914-1918, reconnue pour avoir acceléré la juridicisation des relations internationales, constitue l’essentiel de l’angle d’approche adopté par notre recherche. Toutefois, il est permis de dégager plusieurs hypothèses, dont chacune recouvre un critère de cette approche plus générale :
En effet, le conflit modifie-t-il le degré de légitimité de cette catégorie de juristes dans le champ scientifique belge et exerce-t-il une influence similaire dans le champ académique ? Dans quelle mesure les internationalistes belges jouent-ils un nouveau rôle, après 1918, dans le cadre de la politique étrangère officielle du pays ? Par extension, nous nous intéresserons à leur rapport au milieu des diplomates. Nous tenterons également d’évaluer dans quelle mesure ces juristes sont les acteurs d’un phénomène transnational ou, au contraire, s’ils poursuivent des objectifs dont les intérêts sont « nationaux ». Par ailleurs, ces juristes peuvent-ils être considérés comme des indicateurs, des pierres de touche, de l’évolution de la position de la Belgique dans le « Concert des nations » ? Le cas échéant, nous tenterons de comprendre dans quelle mesure cette « condition » d’indicateur évolue entre l’avant-1914 et l’après-1918. Ces juristes contribuent-ils à la défense d’enjeux idéologiques et/ou politiques et comment se positionnent-ils par rapport aux conceptions jusnaturalistes et juspositivistes ?
À l’aune des réflexions précédentes, il est possible d’envisager une problématique générale, que l’on peut énoncer comme suit : Dans quelle mesure les juristes belges de droit international public, de la fin du XIXème siècle au milieu du XXème siècle, ont tissé des réseaux internationaux, été des indicateurs de l’évolution de la Belgique dans la hiérarchie internationale et, surtout, ont été influencés par l’expérience de la Guerre de 1914-1918, en tant que génératrice d’une mémoire influant sur les modes d’expressions et de représentations de ce groupe social, jusqu’en 1940.
Disciplines :
Political science, public administration & international relations
Metalaw, Roman law, history of law & comparative law
European & international law
History